Antiquités
Le musée Grévin aux enchères ! Ce n'est pas une blague. On sait que le célèbre Grévin (on ne dit plus « musée ») vient de rouvrir tout beau tout neuf après plusieurs années de travaux et se débarrasse de quelques défroques anciennes devenues inutiles.
Le nouveau Grévin sacrifie en effet la partie historique de sa tradition pour se recadrer sur une actualité immédiate et plus commerciale. Cela met sur le marché de somptueuses robes Renaissance, des uniformes de gardes pontificaux et de grenadiers de l'Empire, des robes de soubrettes de comédie, des crinolines Second Empire. On regrettera aussi la grande scène de « Une soirée à Malmaison » dont le mobilier alimente une grande partie de la vente.
Tout n'est pas faux comme on pourrait le croire, et certains meubles proviennent même du château de Fontainebleau dont ils étaient sortis au cours du XIXe siècle. Dans la politique actuelle du remeublement du château de François Ier, on aimerait qu'ils y retournent. Il s'agit de deux séries de sièges d'acajou d'époque Consulat, signés de Jacob, estimées respectivement 100 000 et 60 000 euros environ. D'époque aussi, ou presque, une paire de candélabres aux Egyptiennes en bronze patiné et doré estimés 65 000-90 000 euros, et une copie plus tardive qui en vaut moins de la moitié.
Le lot le plus important de la vente est un grand tableau de Joseph Boze (290 x 232 cm) figurant Bonaparte et Berthier à Marengo, et estimé 120 000-150 000 euros.
Cette vente pour le moins originale contient de nombreuses copies, objets, luminaires, instruments de musique, céramiques, accessibles à partir de quelques centaines d'euros.
Et une maquette de la frégate « la Belle-Poule » qui ramena, en 1840, les cendres de Napoléon. On n'y voit pas, en revanche, la célèbre (et authentique) baignoire de Marat qui était une des attractions de l'ancien musée Grévin.
Mardi 12 mars, 15 h, Galerie Charpentier, Sotheby's.
Fontainebleau
On retrouve « la Belle Poule , signée en 1842 de l'ingénieur François Tissier, entourée de toute une flottille et créditée de 45 000/50 000 euros, dans cette vente consacrée au souvenir napoléonien. Napo à Fontainebleau, c'est une vieille histoire, dont la mémoire est encore bien vivante dans la cité des Adieux. C'est même à Fontainebleau que l'on retrouve, conservé, restauré et remeublé, le cadre du gouvernement impérial tel qu'il pouvait exister aux Tuileries. La salle du trône décorée par Percier et Fontaine, le salon de l'abdication, le salon des aides de camp, les appartements privés, complètement et fidèlement reconstitués au cours de ces dernières décennies, avec le mobilier, les tentures somptueuses, des souvenirs personnels.
Des souvenirs personnels, on en trouvera beaucoup dans cette dispersion qui enchantera tous les fervents du souvenir napoléonien. Le plus intime, c'est évidemment une chemise de batiste brodée d'un N couronné rouge que l'empereur portait à Sainte-Hélène et qui est peut-être celle dans laquelle il mourut. C'est par son fidèle mameluk Ali qu'elle nous est parvenue, et présentée pour 9 000-12 000 euros. Une mèche de cheveu encadrée a appartenu à l'impératrice Eugénie et devrait s'adjuger de 800 à 1 000 euros. Quant à la bouteille de cognac (pleine), marquée elle aussi du N couronné, elle provient de la cave de Fontainebleau en 1811 et on en espère entre 1 800 et 2 200 euros.
A côté de ces pieuses reliques du grand homme, on trouve aussi sa signature sur des lettres de la campagne de 1812 et des autographes variés, mais non inédits, de ministres, officiers, diplomates...
L'uvre phare est un grand portrait en pied attribué à Andrea Appiani (211 x 130 cm) représentant l'empereur posant au Louvre sur fond d'Apollon du Belvédère, pensif devant un buste d'Athéna reconverti postérieurement en Alexandre le Grand. (150 000-180 000 euros).
Autre très bel objet qui a appartenu, non à l'empereur, mais à la comtesse de Montesquiou, gouvernante du roi de Rome : un coffret nécessaire garni d'une quarantaine de flacons, récipients et accessoires en vermeil et cristal, qui pourrait réunir 55 000-60 000 euros. En grand nombre : portraits, miniatures, mouchoirs, cachets, tabatières, maroquinerie, médailles. Parmi les armes, on remarque le sabre de Mourad Bey, chef militaire des Mameluks en 1798, estimé 25 000-35 000 euros, et celui du maréchal Suchet, dont on attend un peu moins. Un objet précieux, enfin, le manuscrit original des mémoires du Grenadier Pils, qui fit toutes les campagnes dans le corps du maréchal Oudinot et raconte avec son orthographe et sa syntaxe et dessins à l'appui ses aventures, d'Austerlitz à la Berezina (9 200 euros).
Dimanche 10 mars, 10 h 30 et 14 h 30, 5, rue Royale, étude Osenat.
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