Parcours sportif…

Publié le 06/12/2013
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Si les médecins ignoraient encore qui était la ministre des Sports, les voilà informés désormais. D’ordinaire plutôt discrète sur tout ce qui concerne le sport et la santé, Valérie Fourneyron a lancé cette semaine un joli pavé dans la mare, en proposant, rapporte Europe 1, de supprimer dès l’an prochain le certificat d’aptitude au sport. Patatras ! Vos syndicats d’ordinaire en veille active sur tout ce qui provient de l’avenue de Ségur n’avaient rien vu venir. A défaut – rassurez-vous – ils ont activé certains réflexes de survie. Et, comme toute décision aussi soudaine qu’inattendue, la suggestion de la ministre a donc essuyé un tir de barrage méthodique. Histoire sans doute de prendre date à défaut de la prendre au mot...

Il faut dire que les arguments avancés pour la suppression du certificat sont minces et, pour l’heure, pas si convaincants. Valérie Fourneyron a beau être généraliste de formation et épouse d’un médecin généraliste, on a du mal à comprendre sa logique. L’idée serait, paraît-il, de faciliter l’accès aux sports à une plus large frange de la population. Comme si le passage dans la salle d’attente de son médecin traitant pouvait freiner les ardeurs des amateurs de course à pied, de vélo ou de ballon rond. Ça se saurait… On évoque aussi des économies pour la Sécu. Sur le dos de qui ? Des praticiens sans doute, quoique la rédaction du certif’ ` soit en théorie non prise en charge par la collectivité. Mais surtout des patients, petits ou grands sportifs, qu’on ne peut évidemment laisser sans suivi ou contrôle médical périodique.

À la vérité, le ministère des Sports ne semble d’ailleurs pas se résoudre à une hypothèse aussi extrême. En fait de supprimer le sacro-saint certificat d’aptitude, il envisagerait plutôt d’espacer le suivi des sportifs, sur deux voire trois ans. Un schéma pas forcément absurde, encore qu’il faille sans doute l’adapter en fonction de l’âge du pratiquant, et à condition surtout d’y mettre les moyens. Question d’outils, d’abord. Depuis qu’on a remisé le bon vieux test de Ruffier-Dickson, il n’existe, en réalité, rien de bien objectif pour mesurer l’aptitude physique, sauf à flanquer un ECG à tout compétiteur du dimanche ! Question nomenclature, ensuite. On reproche aux médecins de prendre trop peu de temps pour l’examen des sportifs, jeunes ou moins jeunes. Mais, après tout, pour y remédier il ne tient qu’aux pouvoirs publics de mettre en place une consultation longue de prévention !

Jean Paillard, directeur de la rédaction

Source : lequotidiendumedecin.fr