AVEC SES TROIS VOLUMES ou « années », les « Années de pèlerinage » de Franz Liszt représentent trois grandes heures de musique. Cela commence par des pièces purement descriptives, dans la très rhétorique première manière du compositeur, celle du Liszt aventureux courant l'Europe au bras de la comtesse Marie d'Agoult, comme « Vallée d'Obermann » ou « Au bord d'une source ». Suivent des pièces à prétention littéraire, tcomme les fameux « Sonnets de Pétrarque » et « Après une lecture de Dante ». Pour finir par les morceaux, dont le dépouillement confine à l'abstraction, de sa dernière manière, celle de l'abbé Liszt réfugié à Rome, tels « Marche funèbre » et « Sursum corda ». C'est le dernier volume, qui n'a pas de titre, les deux premiers illustrant « la Suisse » puis « l'Italie ». Ainsi ce cycle raconte-t-il et résume-t-il la vie de Liszt mieux que ne le ferait une biographie.
Le pianiste américain Nicholas Angelich s'est emparé très jeune de cette œuvre marathon (autant pour le public que pour l'interprète) et en a joué à la suite les trois cahiers au festival de La Roque-d'Anthéron 2001 (« le Quotidien » du 3 septembre 2001). Il vient de les enregistrer à l'abbaye royale de Fontevraud pour Mirare. Avec des doigts exemplaires et une tête dont l'organisation convient parfaitement à la rhétorique lisztienne, Angelich maîtrise les deux premières « années », passant en douceur du purement descriptif de « la Suisse » aux langueurs contenues des « Sonnets de Pétrarque » de « l'Italie ». L'austère modernité des pièces de la « troisième année », abordée avec un contrôle émotif admirable, vient couronner ce parcours.
Cette intégrale rejoint les monuments que constituent ceux de Lazar Berman (Deutsche Grammophon) et Alfred Brendel (Philips) au firmament de la discographie lisztienne.
3 CD DDD en coffret cartonné Mirare. Enregistrement : 2003. Durée : 194 minutes.
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