Trois ans après l’entrée en vigueur du parcours de soin, une « recommandation médicale » précède 70 % des consultations auprès du cardiologue et du gastro-entérologue, 60 % en rhumatologie et ORL, mais seulement 40 % en dermatologie. C’est ce que révèle, une étude que vient de publier la DREES, le service statistique du ministère de la Santé. Pour les spécialités en accès direct spécifique (ophtalmologie, psychiatrie, gynécologie), en moyenne 20 % seulement des consultations font suite à une recommandation. Mais « recommandation médicale » ne signifie pas forcément respect du parcours de soin. Encore faut-il avoir déclaré un médecin traitant et avoir été adressé par lui chez le spécialiste.
Les patients réfractaires plutôt jeunes et actifs
Or les subtilités du parcours de soin n’ont pas forcément été comprises par tous les patients. Pour leurs troubles de la réfraction, 90 % des patients consultent un ophtalmologiste sans aucune recommandation. Mais lorsqu’ils souffrent d’un glaucome, dans un cas sur trois ils consultent un premier médecin avant d’aller voir un ophtalmologiste alors qu’il s’agit aussi d’un motif de consultation en accès direct. Et puis le hors parcours au sens propre n’est pas pratiqué de la même manière selon les spécialités : 34 % des recours sont hors parcours en dermatologie, 18 % en ORL, mais seulement 10 % en gastro-entérologie, en cardiologie et en rhumatologie.
Ces patients réfractaires au parcours de soins sont plus souvent jeunes et actifs. Ainsi, en ORL 31 % des patients de moins de 35 ans sont hors parcours contre seulement 13 % après 51 ans. En rhumatologie, en cardiologie et surtout en gastro-entérologie, les hommes sont plus souvent hors parcours que les femmes. Entre 60 et 70 % des patients hors parcours savent qu’ils seront moins bien remboursés. Mais ils mettent en balance le fait de gagner du temps en s’exonérant de la case médecin traitant. C’est notamment ce que disent les jeunes parents. Cependant beaucoup croient que leur mutuelle prend en charge les pénalités du hors parcours. Or c’est très rarement le cas car les complémentaires sont dissuadés fiscalement de les prendre en charge.
On retiendra de ce bilan, une apréciation mitigée des patients: trois sur cinq estiment qu’il est utile de consulter le médecin traitant avant de voir un spécialiste. Cette déclaration est d’autant plus fréquente que le patient a consulté un cardiologue (72 %) mais moins après une consultation chez un dermatologue ou un gynécologue (52 %). Pour ces deux dernières spécialités, un quart des patients qui les ont consultés juge que le passage par le médecin traitant n’est pas du tout utile. Les hommes jugent plus souvent que les femmes qu’ils peuvent s’exonérer du parcours de soin, de même que les plus diplômés.
Les spécialistes semblent, selon cette même enquête, avoir un avis encore plus mitigé sur le parcours de soins. Selon eux, la qualité du suivi médical des patients n’a pas changé. De même que les actions de prévention, sauf pour les dermatologues qui estiment à 45 % qu’elles sont devenues plus difficiles. Le nombre d’échange avec les médecins traitants est inchangé sauf pour les dermatologues (à 60 %) et les rhumatologues (à 55 %) qui les jugent plus nombreux. En revanche, les spécialistes jugent assez majoritairement que la gestion du protocole ALD est devenue plus difficile surtout pour les rhumatologues (à 75 %), les psychiatres (à 65 %) et les gastro-entérologues (à 65 %).
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