DE NOTRE ENVOYÉE SPÉCIALE
LA FÉDÉRATION nationale de la Mutualité française (Fnmf) a ouvert à Lyon son 38e Congrès en présence de Jacques Chirac, fidèle depuis 1994 aux rendez-vous de la Fnmf qui regroupe 2 200 mutuelles et protège en tout 38 millions de personnes.
Le président de la Mutualité a exposé au chef de l’Etat et aux quelque 4 000 congressistes présents les grands principes du parcours de santé mutualiste (« le Quotidien » du 2 juin).
Constatant que «la qualité des soins dispensés sur l’ensemble du territoire n’est pas homogène», le futur parcours de santé mutualiste visera à promouvoir «une culture de résultat et de la transparence», a expliqué Jean-Pierre Davant. A l’avenir, les mutuelles devront développer «un nouveau cadre de services» afin de jouer un rôle d’aiguillon (sur la base des référentiels existants) dans un système de santé où seulement «un médecin libéral sur cinq suit des actions de formation» et où l’évaluation des pratiques professionnelles «n’existe pour l’instant que dans les textes», avec des définitions qui « varient ». «Une démarche plus cartésienne est non seulement possible, mais nécessaire», a poursuivi le président de la Mutualité. C’est pourquoi les mutuelles « étudieront la possibilité d’identifier (pour leurs 18 millions d’adhérents) , sur l’ensemble du territoire, les circuits qui rassemblent les meilleures compétences, donc, la plus grande sécurité», mais aussi «les initiatives innovantes qui permettront de mieux prévenir et dépister les maladies». Selon Jean-Pierre Davant, «il est probable» que le parcours de santé mutualiste «se traduise aussi par des conventions avec des établissements de santé qui tiennent compte d’éléments permettant d’apprécier leurs résultats sanitaires».
La petite phrase du président.
Le message des cadres mutualistes à Jacques Chirac a, semble-t-il, été reçu cinq sur cinq.
«Beaucoup reste à faire pour instaurer, dans le domaine de la santé, une culture de résultat et de transparence, pour généraliser la formation médicale continue et l’évaluation des pratiques professionnelles, pour garantir partout la qualité des soins, a répliqué le président de la République . C’est votre feuille de route et la nôtre.» Le chef de l’Etat a rappelé qu’il avait placé «au coeur de la réforme» certaines propositions mutualistes du congrès de Toulouse de juin 2003 (création d’une Haute Autorité de santé, parcours de soins, aide à la souscription d’une complémentaire à défaut d’un crédit d’impôt).
A cet égard, il a exprimé son souhait d’étendre l’aide à la complémentaire «à tous les Français dont les revenus ne dépassent que de 20% le plafond de la CMU» (contre 15 % actuellement).
A propos de l’impact de la réforme sur les comptes de l’assurance-maladie, le président Chirac a jeté le trouble (voir article ci-dessus) en déclarant que, « si nous restons fermement mobilisés, l’objectif de retour à l’équilibre» – et non «vers l’équilibre», comme l’indiquait la version écrite de son discours – sera «tenu à la fin de 2007».
Ce voeu d’une branche maladie non déficitaire en 2007, formulé par lui au début de l’année 2004, a été enterré depuis par la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2006 (qui prévoit un retour à l’équilibre en 2009) et semble de toute façon compromis par les dernières prévisions de la commission des comptes de la Sécurité sociale.
Le chef de l’Etat n’a évoqué ni les résultats des dernières élections aux Urml (unions régionales de médecins libéraux), ni la grogne des praticiens hospitaliers. Il s’est félicité en revanche de «l’adhésion massive des médecins généralistes au parcours de soins» et de la nouvelle impulsion donnée par la convention à la maîtrise médicalisée. L’objectif de 1,4 milliard d’économies en la matière sur 2006-2007, a-t-il ajouté, «doit être impérativement respecté» par les médecins. Quant à la généralisation du dossier médical personnel (DMP), elle «devra être engagée dès l’an prochain» car « il ne saurait y avoir de retard pour mettre en place ce progrès essentiel de la qualité des soins».
Enfin, si Jacques Chirac n’a pas clos le débat qu’il a lancé sur le financement de la protection sociale, il a dénigré la récente proposition du PS relative à une CSG progressive en fonction du niveau de revenus, jugée «dangereuse». Il s’est en revanche montré ouvert à la proposition mutualiste d’une assiette de cotisations patronales qui ne pèserait plus seulement sur les salaires.
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