Antiquités
L'argent fait toujours le bonheur des collectionneurs, surtout quand il prend la forme insolite et précieuse d'une fontaine à parfums d'époque Renaissance. Cet oiseau rare, qui a appartenu à l'ancienne collection David Weil, est estimé 800 000 F (122 000 euros), chiffre modeste pour un objet aussi exceptionnel d'une provenance aussi prestigieuse et doté, qui plus est, de poinçons bien lisibles : ceux de l'année 1568 et du maître orfèvre rouennais B. de la Haye (PIASA, 20 décembre).
De la même époque et proposée au même prix, mais venue de beaucoup plus loin, une « aiguière à la fontaine magique » qui est en elle-même promesse de fantasmes et d'émerveillement. Il s'agit au départ d'une verseuse en porcelaine de Chine du XVIe siècle, spécialement destinée au marché turc et ornée en bleu sur blanc d'une fontaine de patio. C'est un orfèvre du sultan qui l'a dotée par la suite d'un goulot et d'un bouchon de tombaq (cuivre doré).
On reste en Orient avec Delacroix, pilier incontournable de ce « best of » bisannuel. En juin dernier, un « Cheval traversant un gué » avait atteint 18,3 MF (2,8 M. d'euros). Le « Soldat oriental et son pur sang », qui nous est servi cette saison devrait s'adjuger nettement moins cher (on attend 5 à 7 MF, soit un million d[212]euros). Il s'agit d'une toile exécutée en 1825, sept ans avant le fameux voyage au Maroc. L'artiste n'a pas attendu d'aller sur place pour s'intéresser au Maghreb, à ses chevaux et à leurs cavaliers. C'est paradoxalement lors d'un séjour en Angleterre qu'il a réalisé cette composition d'un cheval au piquet dont les ruades ne semblent pas troubler la sérénité de son guerrier enturbanné vêtu de vert. Cette uvre de jeunesse n'a pas la fougue, l'enthousiasme, ni les couleurs flamboyantes qui caractériseront les toiles du retour du Maroc (17-18 décembre, étude Gros-Delettrez).
Hasard des enchères, une aquarelle sur le même thème (cette fois, le cavalier monte son cheval au galop) est proposé le même jour à Neuilly avec l'estimation d'un million de francs environ (152 500 euros) (étude Aguttes).
Anciens et modernes
On ne quitte pas le secteur des tableaux anciens sans un coup d'il, au passage, aux « Joueurs de Morra », de Karel Dujardin (vers 1660), et pour une saisissantes « Tour de Babel », de Lucas van Valkenborch, estimées chacune entre 1,5 et 3 MF (230 000/460 000 euros). Les dernières enchères millionnaires en francs, le palier sera plus difficile à franchir en monnaie communautaire. Des anciens aux modernes, un autre petit million d'euros (5 à 6 MF) est attendu pour une petite huile de Picasso de 1965. On espère un peu plus de la moitié pour la signature d'Yves Tanguy, « Blue Bed », de 1959, et un peu moins pour celle d'Alfred Sisley sur une « Seine au Point du Jour » de 1878.
Du côté du mobilier, un quart de millions d'euros (1,5 MF) ont été misés sur le plateau en porcelaine de Sèvres, façon Wedgwood, d'un petit guéridon Louis XVI (étude Millon, 3 décembre), modeste par la taille mais prestigieux par sa signature, celle d'Adam Weisweiler, qui dépasse largement aux pronostics une commode de J.-F. Hache et un ensemble de sièges d'Etienne Meunier.
Pendant que Drouot affirme ainsi son objectif de pérennité dans le nouveau contexte des ventes aux enchères, Sotheby's et Christie's, fortes de l'agrément qui vient de leur être délivré par le tout nouveau Conseil des ventes, préparent fiévreusement leur première session parisienne.
« Les Temps forts de Drouot », du samedi 17 au mercredi 21 novembre, 15, avenue Montaigne, 75008 Paris. Entrée libre, chaque jour de 11 h à 16 h, jusqu'à 18 h samedi et dimanche.
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