ARTS
PAR JEAN-JACQUES LEVEQUE
D EAMBULANT sur les routes des régions, on peut, à l'étape, faire la découverte toujours enrichissante d'une uvre parfois inconnue, ou que l'on aura jusqu'alors négligée. Il serait temps ainsi de considérer l'uvre d' Aurélie Nemours (musée de Grenoble jusqu'au 23 septembre) dans toute sa richesse et sa gravité exemplaire. Elle navigue dans les hautes eaux d'une peinture fortement structurée, conceptualisée, et qui par le miracle des matières finement agencées prend son poids de réalité plastique. Ce sont des pastels, des gouaches et surtout ces collages d'une construction très élaborée, où l'émotion contenue subsiste derrière la rigueur du trait, de la découpe, de la confrontation de deux masses aux sonorités austères, penchant plutôt du côté de cette religiosité manifestée par J.S. Bach, que vers la grâce aérienne d'un Mozart. Comparer la plasticité des formes avec la musique s'impose devant une uvre aussi soignée dans ses accords.
Pierre Székely (musée des Ursulines, Mâcon, jusqu'au 30 septembre) revendique sans équivoque le déplacement d'une recherche plastique vers des domaines qui la féconde. Ainsi, sculpteur, il pratique, depuis une cinquantaine d'années, des recherches où interviennent les spontanéités de rencontres avec des matériaux insolites, et parfois étrangers à la peinture. Il y véhicule une grande liberté d'expression, et travaille d'audace et d'inventivité.
Ceux que réunit, sous le joli titre de La planète exilée, le musée d'art moderne de Villeneuve d'Ascq (jusqu'au 7 octobre), sont des artistes d'occasion, et pour qui l'art est une thérapie, souvent le langage d'une profonde solitude. Jean Dubuffet que le Centre Beaubourg honore en ce moment, fut le promoteur de cette reconnaissance des « marges » de la peinture dit encore « art brut ». Ce sont autant de mondes cocasses, insolites, chatoyants et d'une verve souvent désespérée. L'art est aussi le continent des angoisses cachées.
Dans les marges de la peinture également, ces faiseurs de « boîtes » qui composent leur musée de poche, leur mythologie personnelle, leur panoplie rêvée. Aussi on pourrait poser la question « qu'y a-t-il à l'intérieur d'une Boîte ? » pour titrer le rassemblement (Centre artistique de Verderonne, 3 km de Liancourt, Oise, jusqu'au 1er novembre) d'une cinquantaine de participants (dont A. Chabot, Joseph Cornell, Yolande Fièvre, G. Ghez, Giai-Miniet, Louise Nevelson, M. Parent, Denis Rivière, Waydelich, Saint Cricq, Louis Pons, Duchein, Chopin, B. von Arnim) . Chacun réinvente son monde. On peut, avec délice, s'y promener par l'imaginaire.
S'il est aujourd'hui prisonnier de son propre succès, et conduit à se répéter,
Arman(Musée d'art moderne et contemporain de Nice, jusqu'au 14 octobre) fut, à ses débuts, un des plus passionnants arisants d'une reconquête de la réalité contemporaine à travers les objets qu'elle sécrète, qu'elle produit, qu'elle véhicule et qui constituent l'axe majeur de son pouvoir synonyme de technologie, de consommation effrénée.
Le mérite de la rétrospective est de revisiter les étapes de sa démarche, d'y retrouver quelques-unes des réalisations les plus fortes de son parcours. Mais on peut déjà parler d'Arman au passé.
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