Aujourd’hui, la vaccination contre le papillomavirus se réalise en trois doses chez toutes les jeunes filles de 11 à 14 ans administrées selon un schéma 0,2 et 6 mois. Mais une étude vient remettre sérieusement cette stratégie en cause.
En effet, cet essai publié dans Cancer Prevention Research du mois de novembre a comparé le taux d’anticorps anti HPV 16/18 chez des femmes qui ont été vaccinées avec le vaccin bivalent anti-HPV 16/18 selon des schémas vaccinaux différents. Ainsi, 78 femmes ont été vaccinées avec une dose, 140 avec deux doses à un mois d’intervalle, 52 avec deux doses séparées de 6 mois et 140 avec trois doses injectées selon le schéma vaccinal classique. Au bout de quatre ans, toutes les femmes vaccinées possédaient des anticorps anti HPV 16 et 18, quelque soit le groupe. Les niveaux d’anticorps mesurés sont comparables chez les femmes vaccinées à 2 doses à 6 mois d’intervalle et à 3 doses. En revanche, les taux d’anticorps sont plus faibles chez les femmes vaccinées avec une seule dose, mais à des niveaux stables et durables dans le temps. Pour les auteurs, cette réponse immunitaire, évaluée à 24 fois celle de femmes non vaccinées, apparaît suffisante.
La vaccination à une dose de vaccin bivalent pourrait donc être envisageable. Une bonne nouvelle, dans le contexte français où la couverture vaccinale contre l’HPV reste très insuffisante. En effet, trois quarts des jeunes filles ne vont pas au bout du schéma à 3 doses. Il reste encore à confirmer ces résultats et à réaliser des études avec le vaccin quadrivalent afin de vérifier si un schéma vaccinal à une ou deux doses serait lui aussi envisageable avec ce vaccin.
Le test HPV mieux que le frottis
Autre nouvelle dans le domaine du cancer du col de l’utérus : le dépistage par test HPV serait 60 à 70% plus efficace que le frottis cervical. Cette hypothèse avait déjà été suggérée par quelques études ces dernières années, mais avec un niveau de preuves insuffisant. Cette fois ci, c’est une grande méta analyse publiée dans le Lancet (3 novembre) , menée sur plus de 176000 femmes âgées de 20 à 64 ans, qui confirme l’hypothèse. Ce travail réunit les données de quatre grands essais (Angleterre, Italie, Pays Bas et Suède). Il montre tout d’abord que le taux de détection des cancers est le même avec le frottis ou le test HPV durant les 2,5 premières années. En revanche, au delà de ce laps de temps, moins de cancers ont été détectés chez les femmes ayant effectué le frottis. Les auteurs ont estimé que le test HPV protégeait mieux les femmes que l’examen cytologique de 60 à 70%. Sur ces bases, ils « recommandent la mise en place d’une stratégie de triage avec un dépistage par test HPV pour toutes les femmes à partir de 30 ans et tous les 5 ans, au lieu de 3 ans comme c’est aujourd’hui le cas avec le frottis cervical. Ensuite, les femmes HPV positives seront suivies par frottis ; et on réalisera une colposcopie seulement chez celles avec une cytologie anormale ou une infection HPV persistante ».
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