IL NE VIENDRAIT aujourd’hui à l’esprit de personne de conseiller à qui désire découvrir les grands compositeurs espagnols pour le piano – Falla, Albéniz, Granados, Turina, Mompou... – d’écouter qui que ce soit d’autre que la grande pianiste espagnole Alicia de Larrocha. Elle a tout enregistré et tout reste disponible chez EMI. Mais, avant elle, ces compositeurs ont eu des interprètes que l’on a tendance à oublier. Une série de rééditions vient à propos pour nous les remettre en mémoire.
On les trouve également chez EMI, dans la collection d’archives « les Rarissimes », qui publie des enregistrements n’ayant pas (ou peu) été réédités depuis l’ère du 33 tours ou les tout débuts du disque compact. La pianiste brésilienne Magda Tagliaferro (1893-1986) avait élu Paris pour capitale artistique mais gardé ces Espagnols à son répertoire. Réédités sur deux CD, ses concerts ont un charme romantique un peu daté (1960) et ses Albéniz, qui demandent tant de couleurs, sont plus véhéments que picturaux. C’est le Brésilien Villa-Lobos qu’elle réussit le mieux. Sans parler de ses merveilleux Chopin, Schumann et Debussy.
L’Espagnol Leopoldo Querol (1899-1985) a aussi étudié à Paris, comme il se devait pendant l’entre-deux-guerres. « Les Rarissimes » viennent de rééditer son « Iberia » d’Albéniz, intégral (quatre cahiers), sorti en 1954, une curiosité inédite depuis le microsillon et le premier enregistrement absolu de l’oeuvre. Son approche est plus intellectuelle que coloriste mais c’est une lecture majeure qu’il est important de connaître. Les « Goyescas » de Granados complètent le double album.
José Iturbi (1895-1980), autre Espagnol émigré à Paris et qui, avec son physique avantageux et cinégénique, fit ensuite carrière à Hollywood, n’a pas enregistré d’intégrale des chefs-d’oeuvre espagnols. Mais au milieu de la grande anthologie des « Rarissimes » se trouvent quelques perles, comme l’« Allegro de concert » de Granados et surtout le très coloré « Nuits dans les jardins d’Espagne » de Falla. Ses Chopin sont aussi impressionnants de style et de couleur.
Un trésor.
Aldo Ciccolini, à 80 ans passés, continue d’enchanter son public par des récitals annuels mémorables et même de nouveaux enregistrements, comme récemment les « Pièces lyriques » de Grieg et les « Nocturnes » de Chopin. Il a permis à une génération de discophiles d’apprendre leurs Albéniz et Granados alors qu’ils n’étaient plus disponibles en France dans aucun catalogue. Dans ces enregistrements de 1966 des « Goyescas » et des quatre cahiers d’« Iberia », la vision du pianiste d’origine italienne est haute, chantante, colorée, intelligente. Dans la collection « Gemini, The EMI Treasures », cette réédition n’usurpe nullement son titre. A connaître ou à redécouvrir.
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