Qu’on le veuille ou non, cette inflation de dépassements, doublée de tentatives de régulation manquées est quand même une sacrée épine dans le pied de Frédéric Van Roekeghem et dans celui de Xavier Bertrand. Par voie de conséquence, c’est aussi un des éléments à charge dans le bilan santé de Nicolas Sarkozy qui, à plusieurs reprises, a haussé le ton ces dernières années en direction des praticiens à honoraires libres. Avec le résultat que l’on sait… On ne s’étonnera pas dans ces conditions que les pouvoirs publics tentent de colmater, un peu à la hâte, une voie d’eau qui menace d’inonder à terme le pacte social hérité de 1945. En pleine campagne électorale, plus grand-chose n’avance… Sauf les décrets sur le secteur optionnel, annoncés comme imminents par le ministère de la Santé... Sauf aussi les négociations avec les dentistes convoqués in extremis par la CNAMTS, au moment où un rapport sévère de l’Autorité de la Concurrence s’alarme des pratiques tarifaires dans ce secteur…
Tout cela fait quand même précipité et à la vérité sent un peu le bricolage préélectoral. Pas question de laisser dire qu’en France l’accès aux soins fout le camp, ni de donner l’impression d’abandonner, chagrin, une partie du corps médical à la veille du scrutin… Pourtant, restons sérieux. On n’imagine pas la Sécu trouver en moins d’un mois une solution pour rebâtir ex nihilo une politique tarifaire avec les dentistes, quand on sait que depuis plus de trente ans toute l’économie de cette profession repose sur la liberté des honoraires. Même circonspection concernant le secteur optionnel. Le gouvernement envisage de l’élargir désormais au-delà des disciplines à plateau technique. Mais la méthode est inédite autant qu’aléatoire, puisqu’il s’agit de ranimer pour ce faire une « option de coordination des soins », sorte de mixte entre les deux secteurs, héritée de la convention de 2005 et depuis le départ moribonde puisqu’elle n’a jamais attiré plus de 3 % des spécialistes...
Et si le problème majeur était en fait le secteur 1 ? À la CSMF, on déplore que les spécialistes qui s’y trouvent coincés demeurent privés d’accès au secteur optionnel. À MG France, on regrette que les 92 % de généralistes qui exercent dans ce cadre soient eux aussi les dindons de la farce. Toutes prises de position qui soulignent, s’il en était besoin, que la revalorisation des tarifs opposables doit absolument être le grand chantier de la prochaine législature. Une visite longue en gériatrie ? Fort bien ! À condition toutefois que A comme Alzheimer ne soit que le début d’un long l’alphabet...
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