La dysfonction sexuelle sera-t-elle un jour considérée comme un marqueur de risque cardio-vasculaire aussi important que l’HTA ou la dyslipidémie ? En 2005, les premières recommandations de l'AIHUS - Association Inter- Hospitalo-Universitaire de Sexologie- aux médecins généralistes pouir la prise en charge en première intention de la dysfonction érectile, ne considéraient la pathologie que sous un angle psychologique ou comme une complication prévisible d’une pathologie organique existante ou la conséquence d’un traitement médicamenteux. Cinq ans plus tard, changement de cap : l’AIHUS érige la DE en marqueur de risque cardiovasculaire et précise que les hommes en souffrent ont un risque de décès quasi doublé. Elle va même jusqu’à recommander d’orienter vers un cardiologue tout patient porteur d’une dysfonction érectile et au moins 3 facteurs de risque cardiovasculaire.
Notre dossier médical consacré à la déclinaison de ce symptôme au travers des principales pathologies chroniques atteste de ce changement de paradigme. L’exemple de l’homme diabétique est éloquent : une impuissance doit être considérée jusqu’à preuve du contraire comme un « angor de verge » qui peut précéder de 2 à 3 ans un authentique accident coronaire. L’insuffisance érectile étant causée dans ce cas par l’angiopathie qui touche les petites artères à destinée pénienne et les cellules endothéliales du tissu érectile. Même chose chez le patient hypertendu : l’impuissance est un marqueur de l'atteinte des organes cibles et double le risque d'événements cardiovasculaires majeurs.
Alors la panne sexuelle serait-elle une chance pour un homme ? Certainement au regard des pathologies graves qu’elle pourrait débusquer. Encore faudrait-il que les patients en soient informés et que le corps médical s’en inquiète. La dysfonction érectile concernerait jusqu’à 4 hommes sur 10 à partir de 60 ans et plus d’un homme sur deux au-delà de 70 ans. Mais ne réduire ce symptôme qu’à un baromètre santé risque de faire oublier la souffrance et l’humiliation que peut générer l’impuissance chez un homme. Dans tous les cas, la dysfonction érectile n’est pas une bagatelle.
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