Des chercheurs britanniques ont testé dans un modèle murin l'efficacité d'une stratégie de vaccination contre Plasmodium falciparum se fondant sur l'utilisation d'une polyprotéine composée de six antigènes pré-érythrocytaires. A l'issue de ce travail, il apparaît que l'utilisation de polyprotéines antigéniques n'est pas efficace dans le cadre d'une primo-vaccination mais qu'elle est intéressante pour les injections de rappel.
Réduire la probabilité des échecs
On a déjà démontré, dans un modèle murin du paludisme, que la combinaison de deux vaccins à ADN, exprimant des antigènes distincts, confère un niveau de protection contre P. falciparum significativement plus élevé que celui qui est obtenu après une immunisation contre l'un ou l'autre des deux antigènes : en multipliant le nombre d'antigènes reconnus par le système immunitaire des souris traitées, on réduit la probabilité des échecs de la vaccination dus à l'apparition de formes mutantes du parasite responsable du paludisme.
Par ailleurs, des essais vaccinaux utilisant des sporozoïtes radio-atténués ont mis en évidence l'efficacité des stratégies d'immunisation pré-érythrocytaires : chez l'animal comme chez l'homme, ces essais ont en effet permis d'obtenir soit l'élimination complète des parasites émergents des hépatocytes infectés, soit une réduction de leur nombre, suffisante pour qu'aucune manifestation clinique du paludisme ne puisse être observée.
Ces diverses observations ont conduit Prieur et coll. à construire et à tester l'efficacité d'un vaccin multi-antigénique exprimant six peptides antigéniques pré-érythrocytaires de F. falciparum. Les antigènes utilisés pour la construction de ce vaccin ont été choisis en fonction de données obtenues lors d'essais vaccinaux réalisés sur l'homme à partir de sporozoïtes radio-atténués. Les six antigènes pré-érythrocytaires retenus ont été combinés pour former une longue polyprotéine hybride de 3 240 acides aminés que les auteurs ont nommée L3SEPTL. Il s'agit des antigènes LSA3 (Liver Stage Antigen), STARP, Exp1, Pfs16, TRAP (Thrombospondin-Related Adhesive Protein) et LSA1.
La protéine hybride L3SEPTL a été insérée, d'une part, dans un vecteur plasmidique utilisé pour l'immunisation primaire et, d'autre part, dans deux virus atténués, FP9 (une souche atténuée du virus de molluscum contagiosum) et MVA (le virus modifié de la vaccine d'Ankara), utilisés pour les injections de rappel. L'efficacité de cette stratégie vaccinal a été testée chez la souris. L'efficacité de vecteurs identiques mais contenant un seul antigène a également été évaluée.
Il est apparu qu'après une primo-immunisation par un plasmide exprimant un seul antigène, le vaccin MVA-L3SEPTL stimule la réponse des cellules T CD8+ spécifiques de l'antigène utilisé pour la primo-vaccination. Une réponse aussi efficace est obtenue si un MVA exprimant uniquement l'antigène de la première injection est utilisé pour le rappel. Des résultats similaires sont obtenus lorsque le vecteur FP9 est utilisé à la place de MVA.
Les injections de rappel
En revanche, lorsque la primo-vaccination est réalisée avec un plasmide exprimant la polyprotéine complète, le rappel ne permet jamais l'obtention une réponse immunitaire satisfaisante ; cela, quelle que soit la construction utilisée pour la seconde injection : la protéine hybride L3SEPTL exprimée à partir d'un plasmide ne permet pas la primo-immunisation.
Cependant, selon les auteurs, cette polyprotéine présenterait un intérêt dans le cadre des injections de rappel, surtout dans les zones endémiques. En effet, dans ces régions, la population a souvent déjà eu un contact avec l'un ou l'autre des antigènes contenus dans la polyprotéine. Un injection de MVA-L3SEPTL ou de FP9-L3SEPTL pourrait alors permettre de stimuler une réponse immunitaire dirigée contre les antigènes déjà rencontrés par les patients.
E. Prieur et coll., « Proc Natl Acad Sci USA », édition en ligne avancée, à paraître prochainement sur www.pnas.org
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