Bon pour tout (ou presque) en Afrique subsaharienne, l’ivermectine pourrait devenir incontournable dans cette région du globe. Une étude menée au Sénégal en collaboration avec l’université du Colorado suggère en effet que cet antihelminthique bon marché apporterait une aide substantielle dans la lutte contre le paludisme en zones d’endémie.
Administrée de façon large aux populations locales, l’ivermectine entraînerait la mort des moustiques vecteurs du parasite, qui se nourrissent du sang humain. Dans cette étude dirigée par le Dr Brian Foy, le pool des insectes porteurs de Plasmodium falciparum aurait ainsi baissé de 79 % dans le périmètre du village deux semaines après la distribution du médicament. Par comparaison, les villages alentour non traités ont connu une augmentation de 246 % des insectes vecteurs au cours de la même période.
Les chercheurs ont été les premiers à être surpris par leurs observations. Ces dernières ont été obtenues de façon totalement fortuite, puisque leur travail sur l’ivermectine s’intégrait initialement dans le cadre d’une campagne contre l’onchocercose responsable de la cécité des rivières. C’est ainsi que les scientifiques qualifient le médicament de « multifonction ». « L’outil est d’autant plus intéressant qu’il permet de lutter contre plusieurs maladies tropicales d’un seul coup », déclare Brian Foy.
L’ivermectine est efficace, en effet, contre de nombreuses parasitoses à vers ronds. Actuellement, le médicament est distribué une à deux fois l’an pour lutter contre la cécité des rivières dans plusieurs régions d’Afrique subsaharienne. C’est également le cas une fois par l’an pour l’éléphantiasis traité par des campagnes de santé publique à grande échelle.
Selon toute vraisemblance, une administration plus fréquente de l’antiparasitaire serait requise dans l’indication antipalustre, au moins une fois par mois pendant la saison de transmission. Les auteurs supputent également que la molécule serait plus efficace dans les régions à épidémies saisonnières plutôt que dans celles présentant une endémie perannuelle.
De plus, comme l’effet de l’ivermectine serait ciblé à la faible proportion des moustiques se nourrissant du sang humain, l’option n’exposerait pas au risque de résistance, à l’inverse des insecticides répandus dans l’environnement. Hormis quelques réactions allergiques suite à une destruction parasitaire massive, l’ivermectine ne présente pas d’effets secondaires majeurs, y compris lors de prises répétées pour gale sévère.
« American Journal of Tropical Medicine and Hygiene », publication de juillet 2011.
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