Ancien directeur de la Haute autorité de Santé (HAS), c’est en qualité de consultant et d’auteur d’un livre blanc consacré à l’évolution de l’exercice de la médecine générale et à son mode de rémunération qu’Alain Coulomb était, jeudi 5 juillet, l’invité des rencontres du « Café Nile », à Paris.
Sur un ton iconoclaste, l’ancien patron de la HAS a expliqué ce qui l’avait poussé à écrire son livre blanc.
« C’est quoi ce P4P (paiement à la performance), ce machin inventé par la CNAM, et qui rentre dans le paysage de façon étrange ? », s’est-il interrogé à voix haute. « Est-ce un gadget, une machine à gifles, un pétard mouillé ? » Autant de questions qui ont motivé le livre blanc.
Alain Coulomb semble aujourd’hui convaincu de l’intérêt du P4P. Depuis l’institution du paiement à l’acte (en 1927 !), « tout a changé dans le traitement des pathologies, car on est passé du soin aigu aux pathologies chroniques », constate-t-il. Le seul paiement à l’acte est devenu inadapté.
Un changement profond
Le consultant tente de répondre à plusieurs questions de fond. Le fondement juridique du P4P ? Le sujet a été réglé, selon lui, par le Conseil d’État qui n’a (pour le moment) rien trouvé à redire. L’efficience du dispositif ? « Elle peut se discuter, reconnaît-il, mais les premiers résultats du CAPI (contrat d’amélioration des pratiques individuelles) montrent que c’est plutôt un atout ». La pertinence médicale du P4P ? Le sujet est plus sensible : « Aucune autorité scientifique n’a été consultée sur le sujet, pas même la HAS ».
Malgré cette réserve, Alain Coulomb constate que « les cardiologues et d’autres spécialités frappent à la porte du P4P », ce qui serait le signe d’un « changement profond » des mentalités et du système lui-même.
L’ancien patron de la HAS a un dernier argument imparable à opposer aux détracteurs du P4P : « La qualité ne se résume pas à la seule vertu des praticiens. S’il n’y a pas d’incitation, pourquoi le médecin devrait-il s’y mettre ? »
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