Dans les Bouches-du-Rhône, CSMF et SML estiment que le mot d'ordre national sera très largement suivi. « Les médecins pratiquent déjà de plus en plus de DE, avec tact et mesure », constate le Dr Jean-Claude Gourheux, président de la fédération départementale des syndicats CSMF, « mais, selon la clientèle, on ne peut leur demander de l'appliquer systématiquement ; en revanche, pour cette journée, ce sera le choix volontaire du patient de venir ou de reporter son rendez-vous à un jour de tarif normal, et je pense qu'il n'y aura pas de défections ».
Pour sa part, le Dr Gourheux a placardé dans sa salle d'attente l'affichette du syndicat et appris à sa secrétaire comment expliquer au patient, au moment de la prise de rendez-vous (il est rhumatologue à Marseille), que les consultations d'aujourd'hui seront plus longues qu'elles peuvent l'être en temps ordinaire, moyennant un dépassement d'honoraires. Toutefois, contrairement à certains médecins, il ne laissera pas le patient fixer son prix : « Selon la clientèle, cela peut être dangereux et il est de toute façon difficile pour le patient d'évaluer le juste prix, ou même s'il l'évalue, il n'est pas toujours prêt à le payer. »
Même réserve du côté du SML qui laisse à chacun la liberté de fixer ou non le montant du DE, mais croit fermement à la vertu pédagogique d'une telle manifestation. « Nous voulons attirer l'attention sur la dégradation de la situation : il est bon de montrer aux patients ce que serait une médecine faite sans se presser, ni être obligé de faire beaucoup d'actes pour pouvoir régler les problèmes financiers », souligne le Dr Jean-François Giorla, président du SML des Bouches-du-Rhône et lui-même généraliste à Marseille. Chaque médecin exposera à ses malades les raisons de cette « journée particulière », mais « nous avons déjà eu l'occasion d'expliquer la situation lors de nos actions précédentes », dit-il. Selon lui, les actes sous-payés sont, de toute façon, inflationnistes : « Après l'accord sur la visite, on voit que l'augmentation de l'acte n'a pas coûté plus cher et que le C à 20 euros ne fait pas dépenser plus à la Sécu », constate-t-il, en souhaitant que les spécialistes puissent bénéficier d'un accord comparable et que s'ouvre une liberté d'honoraires au sein de la convention.
La coordination des généralistes des Bouches-du-Rhône refuse, pour sa part, de se battre pour les spécialistes : « Quand on a demandé leur aide, ils nous l'ont refusée. Les généralistes ont dû se battre seuls, et maintenant les spécialistes font appel à nous parce que nous sommes nombreux et actifs », déclare le Dr Michel Garnier, généraliste dans un village des Bouches-du-Rhône. Quant au type de manifestation choisie par les deux centrales syndicales, « cela laisse pantois : une fois par an, les médecins feraient un travail de qualité, ce qui sous-entend que les autres jours, ils bâclent. Ce mot d'ordre n'est absolument pas compris par la base, les centrales sont de plus en plus coupées des médecins et ne savent plus quoi faire ». Pour sa part, tout en souhaitant la création d'un « secteur de liberté modulable entre le secteur I et le secteur II », il continue, y compris aujourd'hui, à « respecter les engagements du 5 juin comme la plupart des généralistes », affirme-t-il.
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