De notre correspondante
P LUS encore que pour un adulte, les pressions de l'entourage d'un enfant malade, notamment d'un jeune cancéreux, sont généralement très fortes pour le faire revenir à domicile le plus rapidement possible après un traitement ou pour passer en famille les derniers moments de sa vie.
Jusqu'à présent, les responsables hospitaliers faisaient valoir que la lourdeur et la spécialisation des soins nécessaires à ces patients empêchaient souvent leur retour à leur domicile, et peu de généralistes et d'infirmières libéraux revendiquaient la responsabilité de prendre en charge, en médecine de ville, de jeunes cancéreux.
Avec le nouveau réseau Resop, les praticiens libéraux vont, d'abord, pouvoir se former à la dispensation des soins aux jeunes cancéreux. Le Fonds d'aide à la qualité des soins de ville (FAQS) va, en effet, financer chaque année des stages rémunérés, effectués à l'hôpital, pour une centaine de médecins et deux cents infirmières. Il ne s'agira pas de cours approfondis de cancérologie, mais de l'apprentissage pratique du suivi à domicile et de ses soins spécifiques. Les praticiens libéraux du réseau pourraient également bénéficier des dérogations tarifaires prévues pour les expérimentations de réseaux de soins et de filières. Dérogations qui permettent d'obtenir une rémunération des professionnels mieux adaptée à la prise en charge coordonnée des patients (notamment par l'octroi de rémunérations forfaitaires supplémentaires).
Comme l'explique le Dr Pierre Reyès, coordinateur de ce réseau de soins ville-hôpital et lui-même généraliste à Pertuis, dans le Vaucluse, « c'est autour de l'enfant malade que se constitue le réseau ». La famille, qui doit, elle aussi, s'engager en connaissance de cause, choisira le médecin et l'infirmière déjà formés (ou qui accepteront de se former). Les cancers de l'enfant étant relativement rares (une centaine de nouveaux cas en PACA chaque année), la probabilité pour un généraliste d'être confronté à une telle situation au cours de trente années d'exercice est estimée à un seul cas en moyenne, et la formation initiale n'en tient donc pas compte.
Désormais, à la sortie du service spécialisé en oncologie, le petit malade devrait pouvoir revenir chez lui dans des conditions optimales de sécurité et de confort. Le généraliste, dûment informé de chaque cas par les hospitaliers, restera en contact avec l'équipe soignante du CHU. « Dès le début, nous avons été associés à la création du réseau et de ses protocoles », explique le Dr Reyès, qui souhaite dissiper les craintes parfois exprimées par ses confrères, lesquels redoutent que ce réseau ne soit sous la coupe des hospitaliers : « A raison d'une centaine de libéraux entrant chaque année dans le réseau, ce dernier, de toute façon, va vite être constitué par des praticiens de ville, le CHU constituant seulement le centre de référence », fait remarquer le Dr Reyès. Participeront également à ce réseau la dizaine d'hôpitaux généraux de la région qui ont un service de pédiatrie et ont signé une convention avec le réseau stipulant qu'ils doivent se donner les moyens d'accueillir ces petits malades si le médecin traitant estime que leur état nécessite des soins hospitaliers. Les enfants pourront ainsi rester à proximité de leur domicile et de leurs proches, même dans les phases aiguës de la maladie, plutôt que d'être isolés à Marseille. L'agence régionale d'hospitalisation, partie prenante dans ce réseau, devrait donner aux établissements concernés les moyens de cette nouvelle mission. Une façon, pour elle, d'alléger les coûts du CHU, tout en permettant une humanisation des soins à laquelle les familles seront sensibles.
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