E N région Provence-Alpes-Côte d'Azur (PACA), l'union régionale interfédérale des organismes privés sanitaires et sociaux (URIOPS), représente 32 établissements gérant 3 600 lits de court, moyen ou long séjour.
Préoccupée par l'augmentation, dans ses établissements, des faisant fonction et la carence de personnels diplômés sur le marché du travail, elle a envoyé à ses adhérents un questionnaire destiné à faire le point. 52,4 % des réponses confirment cette préoccupation en signalant des difficultés à l'embauche sur 99 postes, particulièrement dans le domaine de l'aide sociale à l'enfance et des personnes âgées. S'y ajoutent les difficultés permanentes des associations d'aide à domicile pour pourvoir les postes d'aide-ménagère et de techniciennes de l'intervention sociale et familiale.
Sur 141 établissements de la région, ayant passé une petite annonce d'embauche, la moitié n'a pas reçu de réponse. Les professions les plus difficiles à recruter au sein de l'ensemble des établissements médico-sociaux sont celles d'éducateur spécialisé et d'infirmière, suivies par celle d'aide-soignante. Soixante-quinze pour cent des établissements sanitaires dénoncent des difficultés de recrutement d'infirmières, 41 % des établissements qui accueillent les personnes âgées ont des difficultés d'aides soignantes, et 29 % d'infirmières.
L'appel à des faisant fonction
Pour les personnes interrogées, les difficultés de recrutement d'éducateurs et de moniteurs (hommes surtout) tiennent à la nécessité de l'internat et au décalage entre la formation et les réalités du terrain, de plus en plus rudes.
La pénurie d'infirmières semble, quant à elle, liée au manque de personnel formé, aux horaires, aux salaires et aux contrats de travail à durée détrerminée. Ces trois raisons expliquent également le manque d'aides-soignantes.
Afin de faire face à ces différentes pénuries, les établissements font appel à des faisant fonction d'éducateur (parfois des psychologues, mais le plus souvent des animateurs ou des personnels sans qualification) et à des candidats qui viennent du nord de la France. Pour les infirmières, ils recourent à l'intérim, aux aides-soignantes, à la « main-d'œuvre étrangère » et, dans les maisons de retraite, aux libéraux et aux étudiants en médecine. Certains établissements font aussi le choix de réduire leur activité sanitaire.
La répercussion des « 35 heures »
Les aides-soignantes, quant à elles, sont remplacées par des « aides médico-psychologiques », ou des élèves infirmières, mais les établissements disent aussi faire des efforts pour signer des contrats de qualification.
Un groupe de travail, réuni pour mieux cerner les difficultés de recrutement des infirmières dans le secteur hospitalier, rappelle la négligence des pouvoirs publics qui ont baissé les quotas de formation, tout en augmentant la durée de cette formation. Une situation aggravée par la pénurie de cadres enseignants dans les écoles d'infirmières, l'augmentation des responsabilités et de la charge de travail de chacune (une infirmière pour 10 à 12 lits contre 8 lits il y a vingt ans) et la mise en place des 35 heures qui augmente le nombre de recrutements nécessaires.
Pour les participants de ce groupe, les solutions immédiates résident dans la revalorisation du paiement des heures supplémentaires, du statut et des salaires. Le même groupe fait aussi valoir que la pénurie d'infirmières se fait sentir de façon d'autant plus dramatique dans les établissements de soins, qu'elle s'accompagne d'une pénurie d'autres professions : aides-soignantes, médecins anesthésistes, manipulateurs radio. Des difficultés qui ne sont certes pas particulières à la région PACA, mais qui sont accrues ici, du fait du nombre particulièrement important de structures sanitaires et sociales et de l'isolement géographique de certaines, dans les zones alpines notamment.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature