De notre correspondante
Renforcer les syndicats ou créer des coordinations plus radicales ? Un débat qui partage le corps médical dans la région Provence-Alpes-Côte d'Azur (PACA).
Ainsi, à Istres, dans les Bouches-du-Rhône, où la moitié des 45 généralistes appliquent déjà la consultation à 20 euros, le Dr Michel Sciara, « contestataire de MG-France », plaide plutôt pour une structuration des revendications, en « investissant » les syndicats médicaux pour les amener à durcir leurs positions.
S'il reconnaît cependant que les derniers accords signés par MG-France contiennent des points positifs, il estime en effet qu'il s'agit d'une réponse encore trop timide qui n'encouragera pas les étudiants à se lancer dans la médecine générale et n'allégera pas le poids du travail des médecins actuels.
S'appuyant sur le même argument et tout en estimant que les autres syndicats sont poussés par des considérations trop visiblement politiques, une partie de ses confrères vient de prendre une option différente en adhérant à la toute nouvelle Coordination des Bouches-du-Rhône. En une semaine d'existence, cette structure réunit déjà 400 adhérents et ses troupes grossissent au fil des réunions tenues chaque soir dans les villes et villages de tout le département, dans le but de fédérer les mouvements locaux.
« Il y a une telle exaspération que les médecins sont actuellement très motivés », constate son président, le Dr Michel Garnier, généraliste à Ensuès-la-Redonne.
Prêts au déconventionnement
Outre les fermetures de cabinet décidées au niveau national, la poursuite de la grève des gardes, de la télétransmission et la participation à la manifestation de Paris, les médecins du département sont appelés par la Coordination à poursuivre l'application du tarif de 20 euros pour leurs consultations, tout en signant une demande de déconventionnement remise à un huissier et qui sera envoyée à la Caisse si l'un d'entre eux est inquiété. Un mot d'ordre apparemment très suivi dans les petites et moyennes villes de l'Ouest des Bouches-du-Rhône : 120 médecins sur 150 dans le pays d'Arles, l'ensemble de ceux de la Côte Bleue. Ceux d'Aix et Marseille semblent en revanche plus réticents. Dès qu'elle estimera peser d'un poids suffisant, la coordination qui met actuellement au point une pétition à faire signer par les patients, « va entreprendre » les hommes politiques du département. Le Dr Garnier qui, en 1983, était engagé dans le comité de grève des étudiants de la Timone aux côtés de Renaud Muselier (aujourd'hui, député RPR et adjoint au maire de Marseille) entend bien lui rappeler « de vieux souvenirs », comme il le précise.
TGV pour Paris
Les syndicats médicaux ne se montrent pas hostiles à ce bouillonnement : « C'est une forme de syndicalisme spontané et ce n'est pas forcément un mal », estime ainsi le Dr Jacques Martin, président de MG-13, syndicat qui a, pour sa part, arrêté sa contestation au moment de la signature des accords nationaux mais reste vigilant sur les délais de leur application. Il rappelle par contre que « les dossiers ne se règlent pas d'un coup de baguette magique » et qu'il faut pour cela la force de médiation d'un « vrai syndicat ».
Le Dr Jean François Giorla, président du SML 13, constate lui aussi que les coordinations « n'auront jamais vocation à négocier », tout en estimant « très bien que des médecins se mobilisent ainsi aux côtés du SML ou d'autres syndicats ».
Dans les Bouches-du-Rhône comme dans les départements voisins, SML et UNOF appellent à la manifestation de Paris pour laquelle ils ont réservé des places de TGV et continuent à soutenir la grève des gardes de nuit et de week-end. Quant à la contestation tarifaire, disent les responsables locaux de ces syndicats, et « afin que les médecins ne puissent être attaqués, nous leur proposons d'appliquer un DE pour les visites à domicile non justifiées par l'urgence et pour les consultations effectuées en dehors des horaires jugés normaux pour les salariés: de 8 h 30 à 12 heures et de 14 à 17 heures, par exemple ».
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