DE NOTRE CORRESPONDANTE
CRÉÉ DANS LE CADRE du plan cancer, le cancéropôle de Provence-Alpes-Côte d'Azur (Paca) est le seul qui fonctionne à l'échelle d'une seule région (les six autres sont interrégionaux). Ses responsables insistent sur son rôle d'évaluation et de pilotage de projets. S'il est l'un des plus petits en termes de population de référence, il est aussi l'un des plus actifs, avec une cinquantaine d'équipes de recherche disposant d'une masse critique scientifique et industrielle suffisante, et l'un des mieux dotés.
Comme elle s'y était engagée, la région a en effet doublé la mise de l'Etat. Les deux millions et demi d'euros nationaux sont devenus cinq millions sur trois ans (dont la première partie a déjà été versée par chacun des deux partenaires), auxquels s'ajoutent 2,7 millions de crédits pour cinq projets répondant à un appel d'offres national. « Jamais une telle somme n'a été injectée dans une région », reconnaît Dominique Maraninchi, directeur de l'institut Paoli-Calmettes de Marseille et coordinateur du cancéropôle, qui s'est donné pour objectif de fédérer la recherche régionale : les deux pôles principaux de Marseille et Nice, mais aussi les équipes travaillant dans les autres départements.
« On n'a jamais vu une telle volonté de rapprocher fondamentalistes et cliniciens », se félicite le Pr Jacques Pouyssegur, spécialiste du génome au Cnrs et coordinateur du site de recherche niçois. Les Alpes-Maritimes, longtemps réduites à la portion congrue (alors que le centre Lacassagne de Nice est le seul à disposer d'un cyclotron dans le sud de la France), bénéficient désormais de 40 % des crédits alloués au cancéropôle Paca. L'ensemble des équipes de la région profite également de ressources technologiques plus rentables parce que partagées et de ressources biologiques (surtout des échantillons tumoraux) plus larges.
Du malade vers la science.
L'une des premières cibles du cancéropôle est en effet le transfert de connaissances du malade vers la science pour analyser et caractériser les tumeurs au cas par cas. Cette recherche, déjà amorcée, qui implique l'alliance de compétences hospitalières, scientifiques et technologiques, va pouvoir maintenant être menée à grande échelle.
Les innovations reviendront vers les patients, grâce à la mise en œuvre d'essais cliniques réalisés par les médecins des hôpitaux et instituts participant au cancéropôle, qui dispose désormais de moyens suffisants pour en valider les résultats, les exploiter et y intéresser l'industrie. A noter à ce propos que la région et le cancéropôle réfléchissent au moyen de « pousser » des jeunes médecins vers l'industrie, « car l'industrie n'a pas seulement besoin d'ingénieurs » et parce « qu'il y en a marre que nos postdoctorants partent à l'étranger sans en revenir ». Le cancéropôle Paca bénéficie par ailleurs de la collaboration d'équipes de recherche en sciences économiques et sociales, qui vont permettre une meilleure approche de la qualité de vie des patients et de leur entourage, en fonction des nouvelles thérapeutiques. Comme le souligne Dominique Maraninchi, « il ne suffit pas que chacun soit bon dans son domaine, il faut qu'il s'intègre aux autres compétences et il faut investir dans les transferts ».
De nouveaux équipements
L'étude du génome est l'un des axes majeurs du cancéropôle Paca, dont les premiers crédits ont servi à installer :
- une plate-forme d'analyse des tumeurs et une autre d'analyse des protéines au CHU de Marseille ;
- un séquenceur du génome et une tumorothèque au centre Lacassagne de Nice ;
- une plate-forme d'analyse de l'expression des gènes à l'institut Paoli-Calmettes ;
- un équipement robotique pour la plate-forme de protéomique de l'Inserm-Marseille ;
- un microscope confocal pour l'institut fédératif de recherche 72 de Nice.
L'axe « immunothérapie des cancers » constitue une autre priorité du cancéropôle, avec, entre autres, l'installation à l'institut Paoli-Calmettes d'une plate-forme d'immunomonitoring pour suivre les paramètres immunologiques.
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