DE NOTRE CORRESPONDANTE
L'ALIMENTATION méditerranéenne qui a longtemps protégé les Provençaux du surpoids et de l'obésité, ne joue plus son rôle à l'heure de la nourriture mondialisée. Selon les chiffres du ministère de la Santé, 15,6 % des enfants de 5-6 ans en Paca (Provence-Alpes-Côte d'Azur) ont une surcharge pondérale. L'enquête Inserm-institut Roche de l'obésité montrait en juin dernier qu'avec 9,5 % d'obèses cette région se situait, certes, dans la moyenne nationale, mais que cette proportion avait augmenté de 57,8 % dans les six dernières années. Une évolution qualifiée de « franchement inquiétante » par la directrice du centre régional d'éducation pour la santé (Cres) et qui a motivé ce colloque coorganisé avec le conseil régional.
Beaucoup de médecins, infirmières scolaires et éducateurs y ont dénoncé le rôle des viennoiseries, barres de friandises chocolatées et autres boissons gazeuses trop sucrées données aux enfants pour la récréation de 10 h et pour le goûter, en s'étonnant notamment que ce type de produits soit proposé dans les distributeurs des établissements de l'Education nationale ou vendus pour financer les classes vertes.
Ateliers-tartines.
Pour tenter de modifier les habitudes alimentaires des familles, le Cres-Paca diffuse, en liaison avec les enseignants, une information dans les écoles, avec organisation de petits déjeuners équilibrés, explications diététiques en direction des enfants, et au cours de réunions avec les parents. Pour toucher les familles qui ne rentrent jamais dans l'école, il organise aussi ce type de réunions dans les centres sociaux.
A Port-de-Bouc (Bouches-du-Rhône), pour la deuxième année, des « ateliers-tartines » réunissent dans un centre social, autour d'une diététicienne du Cres, des mamans et grand-mères de toutes origines pour apprendre à préparer des goûters équilibrés distribués aux enfants venus aux séances de soutien scolaire. Après concertation avec la diététicienne, les mamans dressent elles-mêmes le tableau des goûters successifs pour apprendre à les varier. Pain, barre de chocolat, verre de lait et fruit constitue le goûter type mais des variantes sont proposées, qui incluent souvent des pâtisseries confectionnées par les mères d'après leurs propres recettes, parfois allégées après avis de la diététicienne. Des conseils leur sont donnés pour la confection de leurs autres repas.
Comme l'a rappelé le Pr Jean-Louis San-Marco, président de l'Institut national pour l'éducation sanitaire (Inpes), le surpoids est souvent lié à l'absence d'activité physique. Aussi plaide-t-il en faveur des jeunes qui ne pratiquent aucun sport pour que soient organisées des activités de proximité telles que le skate ou le basket. Ces activités, entraînant regroupement et bruit, se heurtent généralement à l'hostilité des riverains et nécessitent d'être mises en place en concertation avec les voisins et commerçants. Car « mieux vaut se défoncer avec les copains que rester seul à manger des Mars devant la télé », fait valoir le Pr San Marco.
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