EN MÉDIATISANT la naissance des jumeaux Jérémie et Keren (3,2 kg et 2,8 kg), le Pr René Frydman, chef du pôle Femme-couple-embryon-enfant de l’hôpital Antoine-Béclère de Clamart (92), veut donner un léger coup de pied dans la fourmilière. La particularité de ces naissances, qui sont le fruit de la collaboration entre l’équipe biologique (Dr Nelly Achour-Frydman) et clinique (Pr Renato Franchin), est qu’elles interviennent dans le cadre d’une fécondation in vitro (FIV), après congélation d’ovules.
Si plusieurs centaines d’enfants sont nés dans le monde grâce à cette technique, en France, il s’agit d’une première. Selon le gynécologue-obstétricien, « la loi autorise, dans des conditions de risque de perte de fertilité pas bien définies, à préserver des ovocytes par congélation, mais pas avec la méthode la plus performante (la vitrification ou congélation ultrarapide) sous prétexte que toute innovation est assimilée à de la recherche sur l’embryon ». La loi bioéthique de 2004 interdit en effet toute recherche sur l’embryon, si ce n’est à titre dérogatoire en ce qui concerne les cellules souches embryonnaires.
Recherche interdite.
En utilisant la technique de la congélation lente, le Pr Frydman et son équipe n’ont pas bravé la loi mais ils pointent ses contradictions. La congélation des ovocytes est « un développement de la FIV qui permet de préserver la fertilité de la femme, particulièrement en cas de traitement anticancéreux susceptible de l’altérer », souligne le médecin. Parallèlement aux banques de sperme, cette technique ouvrirait également la possibilité de créer des banques publiques d’ovules congelés en vue du don.
Réagissant, dans « le Quotidien » du 6 octobre, à l’annonce du prix Nobel de médecine, décerné cette année au père de la FIV, Robert Edwards, René Frydman regrettait qu’en France, toute innovation soit bloquée. « Cela fait deux ans que l’on ne peut pas faire de vitrification tandis que tous les pays limitrophes le font, avec de beaux taux de succès. Pourquoi ? Parce que c’est interprété par quelques juristes et par le ministère de la Santé comme une technique dont la conséquence est une recherche sur l’embryon qui est interdite. C’est justement à l’opposé de ce que nous voulons faire : transférer des embryons pour faire des enfants ». Dans son projet de révision de la loi bioéthique, le gouvernement ouvre enfin la porte à la technique de vitrification. Le texte sera discuté au Parlement au début de 2011.
Quotimed.com, le 04/11/2010
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