Oublié et oubliés

Au départ, il y avait trois mousquetaires – Françoise Barré-Sinoussi, Jean-Claude Chermann et Luc Montagnier. Jean-Claude Chermann travaillait depuis 1967 à l'Institut Pasteur sur les rétrovirus. En novembre 1982, il a élaboré une première hypothèse de rétrovirus tueur, qui, à l'inverse des rétrovirus décrits jusque-là, l'immortalisaient par les cellules en modifiant leur ADN et en contribuant à créer des tumeurs. Dès cette période, le chercheur pasteurien a imaginé que la recherche du virus devait se faire chez un patient infecté mais ne présentant pas de signes cliniques de la maladie, puisque, en phase de multiplication virale, le nombre des CD4 (les cellules infectées) était très abaissé. Après la publication princeps de « Science », en mai 1983, Jean-Claude Chermann a publié une vingtaine d'articles sur le rétrovirus. En 1988, des tractations entre la France et les États-Unis sur les retombées économiques de la découverte du VIH ont abouti à la signature d'un partage équitable des royalties. Dans les suites de cet épisode administratif, Jean-Claude Chermann a quitté l'Institut Pasteur. Depuis 2001, il est devenu directeur scientifique de la société de recherche URRMA Biopharma à Marseille. Il continue ses recherches dans le domaine du VIH.

D'autres chercheurs méritent d'être cités : tous les signataires de l'article princeps (Françoise Rey, Marie-Thérèse Nugeyre, Solange Chamaret, Jacqueline Gruest, Charlie Dauguet, Claudine Axier-Blin, Françoise Brun-Vézinet, Christine Rouzioux et Willy Rozenbaum), Simon Wain-Hobson, Pierre Sonigo, Olivier Danos, Stewart Coles et Marc Alizon, les séquenceurs du virus, M. Gottlieb, R. Schroff, H. Schanker, J. Weisman, P. Fan, R. Wolf et A. Saxon qui, les premiers, ont décrit la maladie au début des années 1980, ou David Ho, qui a proposé l'association des antirétroviraux à la fin des années 1990. Les équipes américaines de Robert Gallo et Jay Levy sont mentionnées dans le communiqué de presse de l'Assemblée des Nobel.