Il y a quelques années, après une mission humanitaire dans un village du Burkina Faso, nous avons eu une série de problèmes, le dernier au retour de ladite mission.
Celle-ci ne s'était pas très bien passée, avec 6 membres infectés par une épidémie de salmonellose et nécessité de rapatrier les 4 plus atteints (dont 1 infirmière et 2 chirurgiens-dentistes) sur le dispensaire du consulat de France de la capitale, Ouagadougou...
Voyage routier de nuit où, entre les risques encourus (camions non éclairés divagant au milieu de la route, traversée d'ânes et autres animaux sous le roues des véhicules...) et, bien sûr, les poses multiples en urgence pour permettre aux malades de se soulager, soutenus par les membres valides. Compte tenu de leur état d'épuisement, de déshydratation, ce fut "folklo".
Accident de taxi-brousse.
En fin de mission, sur la route de la capitale, nous sommes témoins d'un accident. Devant nous, un taxi-brousse chargé d’une trentaine de passager et de 2… zébus (!) sur la galerie de toit quitte le bitume et se retourne dans le fossé : 1 mort, plusieurs blessés plus ou moins graves dont 3 jeunes Français désargentés, ayant pris ce moyen de transport peu onéreux mais très dangereux...
Nous les prenons en charge pour les orienter vers la structure hospitalière la plus proche. Sur la route, nous crevons deux fois... nécessité pour le deuxième véhicule de faire un aller-retour pour la réparation... etc.
Pied de perf à bord.
Lorsque nous arrivons dans l'avion, nous remarquons un paravent d'où émerge un pied de perf et concluons à un rapatriement sanitaire. Le vol décolle à minuit et nous nous endormons très peu de temps. Une annonce est faite : « Y a-t-il un médecin dans l'avion ? »
Le jeune hématologue inexpérimenté qui accompagne le malade demande de l'aide, il n'arrive pas à repiquer le patient, drépanocytaire, dont le diagnostic d'encéphalite a été posé avant le départ.
Le patient est comateux, très fébrile. Nous passons le reste du vol à 3 membres de la mission à son chevet. Son état s'aggrave, t° à 41 malgré Perfalgan, TA chutée, collapsus, utilisation de cardio-toniques inefficaces...
« Posez cet avion ! »
Nous relatons notre doute au commandant de bord car il y a encore 2 heures de vol avant Paris... « Nous sommes à la verticale d'Alger, je peux vous poser à Marseille, ça nous fait gagner une heure pour une prise en charge en réanimation à La Timone. » « OK », répondons-nous (voila que nous détournons un avion… !!!... mais pour la bonne cause...).
Redécollage direction Roissy, nous allons pouvoir dormir une heure enfin… Et non, dès que nous sommes en altitude, je suis convoqué dans le cockpit car pour son rapport, le commandant a besoin de l'identité des 3 intervenants et des modalités de prise en charge (nous recevrons par la suite chacun une bouteille de champagne avec les remerciements d'Air France).
Pour me remercier personnellement, le commandant me propose de rester dans le cockpit lors de l'approche et de l'atterrissage à Roissy, ce que j'accepte avec enthousiasme, n'ayant jusque la réalisé ce type d'approche que sur… "Flight Simulator".
Et tant pis pour la fatigue. Cet épilogue fut assez magique et compensa largement ma nuit blanche.
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