« Je ne comprends pas que l’on puisse s’opposer au principe de l’autonomie des universités. Être contre l’autonomie, c’est être pour la dépendance. Cela n’a pas de sens », s’exclame le Pr Axel Kahn, président de l’Université Paris-Descartes. Brillant, ne versant pas dans la fausse modestie, maniant la rhétorique aussi bien que les concepts de biologie moléculaire, le chercheur préféré des médias et du grand public a une nouvelle fois refusé de s’inscrire dans le politiquement correct. Voire d’adopter une posture parfois provocatrice. Aux détracteurs de l’autonomie qui mettent en avant le risque de privatisation de l’université, ou de perte d’égalité entre étudiants, Axel Kahn leur rétorque : « Vendre l’université à des fonds privés, j’aurais aimé que cela fût vrai. Aujourd’hui 98 % des crédits viennent des contribuables. 2 % sont apportés par des fonds privés. » Et c’est avec la rigueur d’un métronome qu’il distille ses coups une fois à gauche, puis une fois à droite. Que pense-t-il de la création annoncée des instituts hospitalo-universitaires (IHU) ? « Il y a une véritable contradiction entre la loi qui donne à l’université son autonomie afin d’organiser notamment la recherche sur ses sites et la création dans le même temps d’une concurrence au sein même de l’université. »
Surgit parfois la synthèse de manière inopinée : « Il ne faudrait pas qu’avec la crise, la loi LRU soit réduite à la gestion autonome de la pénurie. »
Mais Axel Kahn n’est pas seulement président d’université. C’est aussi un scientifique qui s’est engagé depuis longtemps dans la réflexion éthique. Lorsqu’on l’interroge sur la révision des lois de bioéthique, il pointe alors l’incohérence de certaines dispositions : « Le prolongement du moratoire concernant la recherche sur l’embryon est absurde. Jean-François Mattei avait introduit cette première dans l’arsenal législatif. En effet, ce moratoire concerne une interdiction, celle de ne pas entreprendre des recherches au lieu d’encadrer une action. »
Enfin, le citoyen s’interroge sur l’absence de toute évaluation du crédit impôt recherche : « Il s’élève à 4 milliards d’euros, soit presque la totalité du budget du CNRS. J’exige que l’on procède à une évaluation des retombées de cet effort consenti par le pays. »
Dans ces conditions, faut-il croire Axel Kahn lorsqu’il prétend quoiqu’il arrive partir sur les routes à l’heure de la retraite ? On l’a vu pourtant s’afficher récemment avec Martine Aubry. Il ne sera donc jamais ministre. Les promesses il est vrai n’engagent que ceux qui les croient.
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