L'otospongiose affecte une population théorique d'environ 10 000 à 20 000 personnes, et les 4 000 stapédotomies annuelles, en France, normalisent l'audition de 95 % des patients opérés. C'est dire l'intérêt de cette prise en charge chirurgicale. L'apport du laser a encore amélioré la technique. Son utilisation réduit les complications vestibulaires immédiates, ce qui est très appréciable dans le cadre d'une prise en charge ambulatoire.
D'une dizaine de jours il y a quelques années, l'hospitalisation moyenne dans cette pathologie est passée à 24-48 heures. Des équipes pratiquent, pour certains patients, la chirurgie de l'otospongiose en ambulatoire. C'est le cas de l'équipe du Pr Fraysse, au CHU de Toulouse, hôpital Purpan.
Pour évaluer l'incidence d'un tel type de prise en charge par rapport à une chirurgie avec une hospitalisation classique sur les résultats fonctionnels et les éventuelles complications, cette équipe a mené une étude clinique rétrospective sur une sélection de 102 patients. Les résultats ont été présentés lors du 108e Congrès de la Société française d'ORL et de chirurgie de la face et du cou.
La seule préférence du patient
Les patients présentant une otospongiose confirmée radiologiquement ont été inclus s'ils répondaient aux critères de la chirurgie ambulatoire. Etaient exclus ceux souffrant d'une surdité sévère à profonde, d'une otospongiose maligne confirmée par le scanner, d'antécédents vertigineux invalidants ou d'une contre-indication à l'anesthésie locale. Le choix final du mode de prise en charge était laissé à la seule préférence du patient.
Les 34 sujets du sous-groupe ambulatoire avaient une moyenne d'âge de 41 ans. Les 68 autres, d'une moyenne d'âge de 50 ans, sont sortis à J1 ou à J2. Dans tous les cas, il a été réalisé, sous anesthésie locale et hypotension artérielle contrôlée, une platinotomie calibrée avec laser, prothèse piston Mac Gee et comblement platinaire par de la graisse. Quatre échecs de l'ambulatoire, liés à des vertiges, ont eu lieu. Les résultats fonctionnels ont été appréciés sur une audiométrie tonale pré- et postopératoire à 3 mois, analysée selon les critères de l'American Academy of Otolaryngology Head and Neck (AAO-HNS) Surgery.
Les résultats rapportés par l'équipe de Toulouse sont comparables à 3 mois dans les deux populations tant sur le plan audiométrique (notamment pas de cophose, bonne fermeture du Rinne < 10 dB, pas d'aggravation de la conduction osseuse) que sur le plan des complications postopératoires.
Un impact économique significatif
Parallèlement, une évaluation des coûts montre un impact économique significatif. De 15 098 F dans une hospitalisation de 48 heures, le coût chute à 7 150 F pour une intervention dans un secteur ambulatoire spécialisé. Quant à la chirurgie ambulatoire dans un secteur d'hospitalisation traditionnel, elle entraîne un surcoût relatif de 75 % puisqu'elle revient alors à 12 500 F. Au total, pour l'équipe du Pr Fraysse, « il n'y a pas de différence significative, sur le plan médical, entre les deux modes d'hospitalisation et l'otospongiose rentre dans les prérequis légaux de la chirurgie ambulatoire ». Il semble cependant que ce mode de prise en charge soit plus adapté à une population jeune et que la survenue de vertiges en pré- et postopératoire puisse expliquer les échecs de l'ambulatoire. Le Pr Fraysse évoquera d'ailleurs cette question ainsi que bien d'autres aspects de la surdité lors de l'émission de Martine Allain-Regnault, « Savoir Plus Santé », le 10 novembre, sur France 2.
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