On sait que, largement utilisés par voie orale dans le traitement de l'ostéoporose, les bisphosphonates accroissent la densité minérale osseuse et diminuent le risque de fracture. On sait aussi que la compliance à long terme et la tolérance digestive constituent des limites.
Certains travaux ont suggéré que l'administration I.V. accroît la densité osseuse dans l'ostéoporose ; mais ils étaient de petite taille, réalisés sans recours à la technique de l'aveugle, sur le court terme, et n'avaient pas permis d'étudier les effets de la dose et de l'intervalle entre les doses.
C'est dire tout l'intérêt de l'étude de phase 2, publiée aujourd'hui dans le « New England Journal of Medicine » par une équipe internationale (dont le Pr Pierre-Jean Meunier, hôpital Edouard-Herriot, Lyon), qui porte sur l'acide zoledronique, bisphosphonate très puissant, administré ici sous forme de perfusions intraveineuses espacées.
Ce travail, conduit dans 24 centres de 10 pays (1), a porté sur 351 femmes de 45 à 80 ans, ménopausées depuis au moins cinq ans (ménopause naturelle ou postovariectomie), qui ont été suivies un an. Toutes avaient une faible densité osseuse vertébrale (T score inférieur à - 2) ; aucune n'avait plus d'une fracture vertébrale.
Toutes ont reçu des suppléments de calcium (1 g/j). En double aveugle, ces femmes ont été réparties en six groupes :
- trois groupes ont reçu des perfusions d'acide zoledronique tous les trois mois, aux doses de 0,25 mg, 0,5 mg ou 1 mg (soit, au total, sur un an, 1 mg, 2 mg et 4 mg) ;
- un groupe a reçu une perfusion unique de 4 mg à l'entrée dans l'étude ;
- un groupe a reçu deux perfusion de 2 mg (une à l'entrée, une six mois plus tard), soit au total 4 mg ;
- un, enfin, a reçu un placebo tous les trois mois.
Les perfusions étaient administrées en cinq minutes pour un volume de 20 ml.
A noter que trois groupes recevaient au total 4 mg : soit en quatre fois, soit en deux fois, soit en une fois.
Le critère principal d'analyse était la densité minérale osseuse au niveau lombaire.
Augmentation de la densité osseuse
On a observé une augmentation similaire de la densité osseuse dans tous le groupes d'acide zoledronique : au niveau lombaire, les valeurs étaient de 4,3 à 5,1 % supérieures à celles du groupe placebo (p < 0,001) ; au niveau fémoral, elles étaient de 3,1 à 3,5 % supérieures à celles du groupe placebo (p < 0,001).
Les marqueurs biochimiques de la résorption osseuse étaient supprimés de façon significative dans tous les groupes acide zoledronique pendant la durée de l'étude.
Quant à la tolérance, on a observé plus souvent des myalgies et de la fièvre dans les groupes traités, mais les sorties d'étude pour effets liés au traitement étaient similaires à celles observées dans le groupe placebo.
Etudier l'effet sur les fractures
« Des perfusions d'acide zoledronique données à des intervalles allant jusqu'à un an produisent des effets sur le turnover osseux et la densité osseuse aussi importants que ceux obtenus avec des doses orales quotidiennes de bisphosphonates qui ont une action prouvée contre les fractures ; ce qui suggère que des perfusions annuelles d'acide zoledronique pourraient constituer un traitement efficace de l'ostéoporose postménopausique », concluent les auteurs.
Cela dit, ils signalent que « des études qui démontrent un effet sur le taux de fractures sont nécessaires avant que l'on puisse faire des recommandations ».
Ian Reid et coll. « New England Journal of Medicine » du 28 février 2002, pp. 653-661 (1). Nouvelle-Zélande, Canada, Suisse, Belgique, France, Italie, Autriche, Allemagne, Australie, Suède.
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