C'EST TOUJOURS la même histoire. Cela commence par un picotement, une vague démangeaison au contour des lèvres qui, en quelques heures, va prendre l'aspect d'une rougeur pour finalement se transformer en affreux bouton. Juste le temps nécessaire au virus pour se déplacer du ganglion nerveux où il sommeille et apparaître – le plus souvent – au beau milieu du visage. D'ailleurs, le bouton d'herpès oro-facial a la fâcheuse habitude de se présenter lorsqu'on l'attend le moins. Un entretien d'embauche, un mariage ou le soir d'une première ne sont que quelques exemples de situations délicates au cours desquelles le stress émotionnel et la fatigue accumulés peuvent déclencher des poussées herpétiques. Il est aussi plus fréquemment favorisé par une fièvre ou une exposition au soleil et certaines femmes en subissent régulièrement les conséquences à la moindre contrariété ou à l'approche des règles.
L'herpès du visage, qui n'est pas une maladie « grave », gâche la vie de 7 millions de Français. C'est ce que révèle une enquête lancée par le Laboratoire GlaxoSmithKline et portant sur 10 000 personnes. Près de 15 % de la population générale a eu au moins une poussée herpétique au cours des 12 derniers mois et un million de Français subissent une crise tous les deux mois en moyenne. Plus fréquentes chez les femmes, les poussées, imputées à 58 % à la fatigue et liées à un stress émotionnel dans 40 % des cas, s'estompent avec l'âge.
Ne pas contaminer ses proches.
Malgré la gêne associée aux éruptions, la moitié des personnes interrogées dans l'enquête n'ont jamais consulté de médecin pour ce problème. Le Pr Gérard Lorette, dermatologue à l'hôpital Trousseau de Tours, s'en inquiète, car cette négligence est aussi constatée parmi les personnes les plus sévèrement atteintes – qui souffrent d'au moins six poussées de boutons d'herpès chaque année. «Les médecins généralistes doivent en parler à leurs patients car, si on ne guérit pas de l'herpès, des solutions existent et l'abstinence sexuelle, une hygiène stricte demeurent des freins indispensables pour ne pas contaminer ses proches. Le caractère bénin du virus ne doit pas faire oublier qu'il s'agit d'une maladie extrêmement contagieuse», explique-t-il. «Un baiser, une poignée de main suffisent parfois et la lésion herpétique faciale peut aussi être transmise lors de rapports sexuels à l'occasion de caresses bucco-génitales», insiste le Pr Lorette. Un dialogue pas facile à établir, mais nécessaire, car «derrière cette maladie virale relativement commune se cachent des mécanismes psychologiques complexes qui participent à l'altération de la qualité de vie du malade», explique Jean-Marc Bohbot, infectiologue à l'institut Fournier. Les récidives entraînent une gêne particulière qui peut détériorer le bien-être et le moral.
Christophe André, psychiatre à l'hôpital Sainte-Anne, mesure l'impact personnel et relationnel de ces perturbations émotionnelles qui suscitent un mélange de colère et de tristesse. «Cette distorsion cognitive du regard sur le bouton dont on amplifie la visibilité en anticipant le jugement négatif des autres», explique-t-il. Christophe André s'appuie notamment sur le résultat d'études menées aux Etats-Unis qui tendent à montrer que «les trois quarts des personnes n'y prêtent pas attention et que la focalisation est avant tout un signe de début de détresse».
Pour faciliter cette écoute, favoriser le dialogue entre les médecins et les patients, le laboratoire GlaxoSmithKline lance cette semaine une campagne de communication intitulée «Ne laissez plus un bouton d'herpès gâcher les plus beaux moments de votre vie». Les premiers spots télé arrivent aujourd'hui sur nos écrans.
Informations sur le site www.agircontrelherpes.fr.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature