LA PRÉVALENCE de l'obésité, un des facteurs de risque de maladies cardio-vasculaires et de diabète de type 2, ne cesse de croître dans tous les pays industrialisés. La France n'est pas épargnée : un sujet sur trois est en surpoids ou obèse. Cependant, tous les obèses ne sont pas égaux face à ces risques ; ce sont les patients qui présentent une obésité abdominale qui sont le plus à risque de maladies cardio-vasculaires et d'anomalies métaboliques faisant le lit du diabète de type 2 (1). L'obésité abdominale a été clairement identifiée, depuis l'étude INTERHEART (2), comme un facteur de risque à part entière.
Un geste simple, la mesure du périmètre abdominal à l'aide d'un mètre-ruban de couturière (outil présent dans tous les cabinets de médecine générale), permet d'identifier les patients atteints d'obésité abdominale, à savoir un périmètre abdominal ≥ 88 cm chez la femme et ≥ 102 cm chez l'homme.
Cependant, cette mesure n'est pas systématique lors de la consultation d'un adulte. La prévalence de l'obésité abdominale en médecine générale est inconnue en France.
Afin de l'évaluer, un comité pluridisciplinaire d'experts a conçu le programme épidémiologique ORNICAR avec le soutien du Laboratoire sanofi-aventis.
Ce programme comporte deux volets : une étude transversale de prévalence de l'obésité abdominale menée en 2006 et un suivi longitudinal de la prise en charge des facteurs de risque qui s'achèvera en 2009.
L'objectif principal d'ORNICAR transversal était de mesurer la prévalence de l'obésité abdominale chez les patients qui consultent en médecine de ville (médecine générale, cardiologie, endocrino-diabétologie). Ses objectifs secondaires étaient d'évaluer le nombre et la distribution des facteurs de risque cardio-vasculaire associés, en particulier l'HTA et le diabète de type 2, et leurs liens avec l'obésité abdominale.
L'étude transversale en médecine générale.
Cette étude épidémiologique transversale, multicentrique, nationale, avec prélèvement sanguin conduite un jour donné a été menée chez 1 125 médecins généralistes, représentatifs des médecins généralistes français.
Afin d'assurer la représentativité du recrutement des patients, les médecins étaient prévenus par téléphone, la veille du jour du recueil des données qui était programmé sur un créneau horaire de 90 minutes. Ils devaient inclure au moins les deux premiers patients âgés de plus de 18 ans vus pendant ces 90 minutes, quel que soit le motif de consultation.
Ainsi, 2 294 patients (1 179 femmes, 1 115 hommes) âgés de plus de 18 ans ont été inclus entre le 9 et le 20 janvier 2006 ; 10 % avaient des antécédents familiaux précoces de maladies cardio-vasculaires et, comme attendu, les hommes avaient plus de facteurs de risque cardio-vasculaire que les femmes (HTA, hypercholestérolémie hypo-HDlémie, diabète...).
Dans cette population, la prévalence de l'obésité abdominale était de 55,9 % (IC 95 % = 53-58,7) chez les femmes et de 47,9 % (IC 95 % = 45-50,8) chez les hommes. Le périmètre abdominal augmentait avec l'âge, surtout à partir de 60 ans chez les femmes et de 50 ans chez les hommes.
En ce qui concerne les critères secondaires, il y avait une forte corrélation entre les quintiles de périmètre abdominal et la prévalence des facteurs de risque cardio-vasculaire.
HTA et diabète de type 2.
Chez les femmes, la prévalence de l'hypertension artérielle (HTA) passait de 18,1 % dans le premier quintile de périmètre abdominal à 77,2 % dans le dernier quintile (p < 0,0001) ; celle du diabète de type 2 passait de 2,2 à 31,2 % (p < 0,0001).
Chez les hommes, la prévalence de l'HTA passait de 30,6 % dans le premier quintile à 77,2 % dans le dernier quintile (p < 0,0001) et celle du diabète de type 2 de 4,8 % à 34,3 % (p < 0,0001).
Le nombre moyen de facteurs de risque cardio-vasculaire passait chez les femmes de 0,68 dans le premier quintile à 2,10 dans le dernier et chez les hommes de 1,26 à 2,60 (p < 001).
En pratique quotidienne, la mesure du périmètre abdominal est un geste simple qui devrait faire partie de l'examen clinique de tous les adultes, en particulier les hommes de plus de 50 ans et les femmes de plus de 60 ans, dont le profil de risque est inconnu.
Conférence de presse organisée par le Laboratoire sanofi-aventis avec la participation des Pr Philippe Amouyel (directeur, institut Pasteur, Lille), Jacques Bringer (endocrinologue, chef de service CHU Montpellier) et du Dr Denis Pouchain (département de médecine générale UFR Paris Ile-de-France Ouest).
(1) Nicolas BJ et coll. Association of visceral adipose tissue with incident myocardial infarction in older men and women. « Am J Epidemiol » 2004 ; 160 : 741-9.
(2) Yusuf S et coll. Effect of potentially modifiable risk factors associated with myocardial infarction in 52 countries (the INTERHEART study) : case control study. « Lancet » 2004 ; 364 : 937-52.
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