Lors de l’examen par le Conseil national de l’Ordre des comptes 2010 du Conseil départemental (CDOM) du Pas-de-Calais (62), « des éléments anormaux ont été détectés », assure le Dr André Deseur, responsable de la communication de l’institution. Le président du CDOM, le Dr Marc Biencourt, aurait alors été sommé par le président de l’Ordre national de démissionner de son poste et de rembourser des sommes qu’il aurait indûment perçues, pour un montant « de l’ordre de centaines de milliers d’euros ». Une paille, d’autant que, toujours selon André Deseur, le montant de ces sommes dépassait sensiblement les indemnités auxquelles pouvait prétendre le Dr Biencourt, et que sa situation personnelle « ne relevait pas de l’entraide », qui permet dans certains cas à des médecins en difficulté de recevoir un soutien financier de l’Ordre.
Marc Biencourt a démissionné de son poste, et a bien remboursé les sommes perçues le 8 février dernier, précise le CNOM. Mais l’institution n’en a pas moins porté plainte contre lui au pénal, et l’a déféré devant la chambre disciplinaire ordinale, ainsi que l’ensemble des membres de l’ancien bureau. Selon André Deseur, cette décision a été prise le 8 avril dernier en session plénière « à titre conservatoire », l’Ordre n’ayant pas autorité selon lui pour enquêter sur le point de savoir si d’autres sommes n’avaient pas été empruntées. Dans l’intervalle, le bureau de l’Ordre du Pas-de-Calais a été entièrement renouvelé.
Du côté du Dr Biencourt, c’est l’incompréhension qui semble dominer. Si l’ancien président du 62 reconnaît « avoir été négligent », il assure n’avoir « rien volé ». « À la suite de gros problèmes de santé en 2006, j’ai demandé des aides successives au conseil départemental, poursuit Marc Biencourt, et je m’étais engagé à rembourser la totalité de cet argent, pour un montant total bien inférieur à 100 000 euros, avant la fin de mon mandat en 2012 ». Selon lui, il a reçu toutes ces avances « par chèque du trésorier de l’Ordre départemental, je ne comprends rien à ce qu’on me reproche ». Marc Biencourt ne comprend pas non plus pourquoi l’Ordre national porte plainte contre lui. « Quand j’ai rencontré à sa demande le président Legmann, poursuit-il, j’ai remboursé ce que le CNOM m’a demandé de rembourser, on m’a fourni une liste et j’ai payé. » L’ex-président du 62 tente bien une explication, semblant discerner dans sa mésaventure le résultat de différends qui l’ont opposé au national lors de certaines de ses prises de position relatives à un médecin impliqué dans une affaire d’euthanasie, et à l’occasion d’un rapport qu’il avait signé sur les problèmes rencontrés par les médecins malades. « Ça n’a pas plu, juge-t-il, car je n’étais pas politiquement correct. »
Le Dr Biencourt assure n’avoir pas encore été informé à ce jour par la justice d’une action intentée contre lui.
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