C'est aujourd'hui, vers midi, que devrait être connu le nom du nouveau président du Conseil national de l'Ordre des Médecins (« le Quotidien » des 9 avril et 20 juin 2003), élu en huis clos par et parmi les 41 conseillers nationaux de la vénérable institution du boulevard Haussmann, à Paris. C'est la troisième fois depuis 2001 que le Conseil national va changer de président : après la crise qui avait secoué l'institution au début de l'année 2002 lors de la signature par l'Ordre d'un accord pour le moins controversé sur la permanence des soins, le président Bernard Hrni, élu un an plus tôt, n'avait eu d'autre solution que de démissionner avec une partie de son équipe, et le Pr Jean Langlois, médiateur chargé de résoudre la crise, avait été élu en faisant la promesse de ne pas se représenter en 2003.
L'élection du président est un événement particulier, tout à la fois du fait du mode de scrutin, mais aussi à cause des traditions en vigueur au CNOM. Le président du CNOM est élu au suffrage indirect, c'est-à-dire qu'il n'est pas élu par l'ensemble des médecins, mais par leurs représentants au plus haut niveau de l'institution, à savoir les conseillers nationaux, qui choisissent en leur sein le nouveau président.
Une particularité qui tend à rendre opaque la « campagne électorale », car, les électeurs ayant potentiellement vocation à devenir élus eux-mêmes, la tentation est grande pour tous de gérer cette affaire entre eux, dans une confidentialité qui ressemble parfois à du secret. Ajoutez à cela une tradition bien ancrée qui veut que personne ne soit officiellement candidat avant le jour même de l'élection, et vous obtenez une procédure baroque dont la transparence n'est pas la vertu première.
Une tradition que seuls Bernard Hrni et Pierre Haehnel, respectivement président et secrétaire général de juillet 2001 à juin 2002, avaient ignorée en communiquant à l'avance sur leur candidature, ce qui avait provoqué ce commentaire de l'actuel secrétaire général, le Dr Jacques Lucas, au moment de son élection à ce poste : « Les candidats à l'élection de juillet 2001 avaient cru nécessaire de faire connaître publiquement leur candidature, mais, aujourd'hui, ce ne sont pas les effets d'annonce qui sont susceptibles de ramener la sérénité à l'Ordre. » Il n'y a donc pas aujourd'hui de candidat officiellement déclaré, mais les ambitions ne manquent pas, dans une institution que beaucoup décrivent comme fragilisée par les soubresauts qu'elle a connus ces deux dernières années, avec notamment la démission de l'équipe Hrni-Haehnel et le débat pour le moins passionné sur la permanence des soins.
Le candidat de la sérénité technocratique
Candidat le plus souvent cité : le Dr Jacques Lucas, actuel secrétaire général du CNOM. Il mène actuellement une campagne qui ne dit pas son nom, refuse mollement de se considérer officiellement comme candidat, mais il est perçu comme le candidat de la continuité à la politique menée par Jean Langlois, « le candidat de la sérénité technocratique », affirme un conseiller national. D'après un autre membre du Conseil national qui souhaite lui aussi garder l'anonymat, il présente un avantage et un inconvénient : « Son atout principal, c'est qu'il est relativement jeune (57 ans), et vous avez sans doute remarqué que, lors du dernier renouvellement par tiers des membres du Conseil national, un certain nombre de " jeunes "sont entrés. Mais il a un inconvénient, c'est qu'il n'a jamais été président de conseil départemental et, de plus, on n'a jamais vu de secrétaire général devenir président du CNOM. »
L'autre candidat probable est Michel Ducloux, conseiller du Nord - Pas-de-Calais. Agé de 73 ans, c'est-à-dire l'âge de Jean Langlois, président sortant qui estime ne pas devoir se représenter à cet âge, il est considéré en général comme sensiblement plus conservateur que Jacques Lucas. « Mais attention, tempère un autre conseiller anonyme , c'est la presse qui catalogue Ducloux comme conservateur ; tout dépend de l'équipe qui va l'entourer. »
Vient ensuite Louis-Jean Calloc'h, conseiller national de Bretagne, l'un des secrétaires généraux de l'Ordre. Mais sa candidature paraît plus aléatoire et pourrait n'être dictée, prétendent certaines mauvaises langues, que par le désir de faire échec aux ambitions présidentielles de Jacques Lucas, avec lequel il entretiendrait des relations conflictuelles. Quant à d'autres candidatures, tout est possible jusqu'à l'heure du vote et un autre conseiller national rappelle avec une mine gourmande que les candidatures ne seront déposées que le 3 juillet, c'est-à-dire aujourd'hui, à 9 heures, « ce qui laisse la place à un certain nombre d'hypothèses ». Mais le président d'un Ordre départemental n'est pas certain que cette élection mette un point final à la crise de l'ordre : « Dans cette élection, vous n'imaginez pas les coups bas qui ont été distribués, ça n'est pas très glorieux ; mais j'espère surtout qu'on ne va pas vers une autre crise. Tout dépend de celui qui sera élu. Car conquérir le pouvoir est beaucoup plus facile que de le conserver. »
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