C’est essentiellement la crainte de l’endophtalmie qui conduit depuis des années à opérer en deux temps de la cataracte. Mais avec les protocoles per- et postopératoires actuels, ce risque est devenu très faible : 0,028 %, soit moins d’une infection grave pour 3 000 patients.
À l’inverse, les arguments en faveur d’une chirurgie bilatérale « immédiatement séquentielle » sont solides. Gain de temps et moindres contraintes pour le sujet plus âgé ayant des difficultés de déplacement, plus rapide récupération à la « rue » chez les sujets actifs. Et possible réduction des coûts, notamment de transport, de consultations et de temps-soignants. Il n’est par ailleurs pas nouveau d’opérer les deux yeux en un temps. C’est le cas pour la chirurgie réfractive, où le débat qui agitait la communauté des ophtalmologistes il y a quelques années est désormais clos.
Faire évoluer les comportements
« Pour ces différentes raisons nous nous sommes engagés à l’hôpital Foch dans un processus d’intervention sur les deux yeux en un temps, rapporte le Dr Jean-François Montin. Nous voulions initialement mener une étude comparative pour prouver l’absence de risque d’infection grave pouvant faire perdre les deux yeux. Mais pour faire une telle étude il faudrait inclure plusieurs dizaines de milliers de patients, ce qui est irréaliste, et nous nous sommes donc basés sur une revue de la littérature ». Aux États-Unis et en Europe du Nord, où l’Immediate Sequential Bilateral Cataract Surgery (ISBCS) est couramment pratiquée, aucune publication faisant état d’une infection bilatérale n’a été recensée. Et ce alors que les conditions dans lesquelles les interventions sont réalisées sont assez souples, dans des unités de chirurgie ambulatoire très allégées.
« Nous réalisons cette chirurgie de la cataracte bilatérale en un temps depuis plus de six mois chez des patients sélectionnés, précise le Dr Montin. En pratique, nous faisons deux interventions différentes l’une à la suite de l’autre, selon des règles d’asepsie très rigoureuses, afin de minimiser au maximum le risque d’infection : l’ensemble des drogues utilisées est différente pour chaque œil, tout comme l’instrumentation, qu’il s’agisse du matériel jetable ou stérilisable. Le patient reste en revanche dans la même salle, ce qui fait gagner du temps. Cette stratégie est nouvelle et impose un changement des habitudes. Il faut faire évoluer les comportements des chirurgiens, les avis d’experts et convaincre les patients et les autorités, car pour l’instant, les caisses ne reconnaissent qu’une seule intervention et l’acte n’est pas codifié ».
D’après un entretien avec le Dr Jean-François Montin, hôpital Foch, Suresnes
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