Violence à l'hôpital

Opération commando aux urgences de Saint-Denis

Publié le 12/04/2007
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SCÈNE de rare violence, lundi soir, aux urgences de l'hôpital de Saint-Denis : cinq personnes cagoulées et armées font irruption dans le service. Elles libèrent un homme blessé placé sous escorte policière. Un policier tire une balle dans leur direction, mais les six compères parviennent à s'échapper.

Des patients ont assisté à la scène : ils sont dirigés vers d'autres hôpitaux. Le directeur de garde décide de fermer les urgences jusqu'au petit matin. Choqué, le personnel évacue le stress par une discussion toute la nuit durant. Le lendemain soir, Philippe Bas, le ministre de la Santé, est venu à la rencontre de ces soignants, pour leur apporter son soutien (voir aussi page 3). Un plan national pour mieux réguler la violence à l'hôpital serait, semble-t-il, dans les tuyaux.

Présence policière.

Le gouvernement s'est déjà saisi du problème : en août 2005, les ministères de l'Intérieur et de la Santé ont passé un accord, qui prévoit notamment d'instaurer une présence policière aux abords et dans l'enceinte des cliniques et des hôpitaux (« le Quotidien » du 12 avril 2006). La déclinaison locale de cet accord national se met progressivement en place : à ce jour, plus de 350 établissements de santé ont signé un protocole avec la police de leur ville, afin de réduire les agressions et les incivilités dans leurs murs.

A Saint-Denis, la réflexion est engagée ; la signature du contrat est pour bientôt. Nicolas Fouque, directeur adjoint de l'hôpital, refuse de banaliser les faits de lundi soir : «On est parfois confronté à des difficultés, mais là, cela ressemble plus à du grand banditisme qu'à une simple incivilité.» La vidéosurveillance, l'équipe de sécurité de l'hôpital, et la présence policière aux urgences, n'y auront rien changé.

«Ce type d'opération commando est extrêmement marginal, je crois qu'il n'y a pas de précédent», précise William Besse, commissaire de police à la Direction de l'hospitalisation (au ministère de la Santé). Les agressions et les incivilités, en revanche, se comptent par centaines : depuis la fin de 2005, l'observatoire des violences hospitalières a recensé un peu plus de 3 600 faits de violence dans les établissements de santé. Et il ne s'agit là que de situations ayant fait l'objet d'une déclaration.

De son côté, l'Association des médecins urgentistes (Amuf) observe ces derniers temps «la multiplication des phénomènes de bandes touchant quelques services d'urgences». L'association demande «des lieux sécurisés et des filières spécifiques pour les gardés à vue et les malades sous escorte». «Il faut arrêter de mélanger la police avec les patients dans les hôpitaux: cela crée une situation de risque, a fortiori dans un département comme la Seine-Saint-Denis», insiste le Dr Christophe Prudhomme, du Samu 93.

> DELPHINE CHARDON

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8146