ON POSSÈDE des archives audio des deux hommes à la fois dans le répertoire lyrique, avec la quasi-intégrale des oeuvres de Britten dirigées par lui-même avec Pears dans les parties de ténor et aussi dans le répertoire du lied allemand et de la mélodie anglaise avec le ténor et le compositeur au piano. Les quatre documents publiés viennent des riches archives de la BBC.
On passera rapidement sur « Idomeneo » de Mozart dirigé par le compositeur et chanté en anglais, qui avait le mérite d'être une première pour l'oeuvre dans ce pays. De même « le Voyage d'hiver » de Schubert par les deux interprètes, filmé en studio en 1970 avec un Pears curieusement déguisé en voyageur allemand de l'époque romantique et un Britten pianiste invisible, est bien tardif.
On en possède sur CD une meilleure version enregistrée à Londres en 1963 avec Pears moins emprunté et plus à l'aise techniquement (2 CD Decca, couplé avec « la Belle Meunière »). Le complément de programme cependant est d'un intérêt immense avec les arrangements de Britten de six « folk songs » et un hymne de Purcell de 1964, dans une interprétation superlative. L'intérêt majeur de cette édition réside en deux films réalisés pour la télévision BBC des deux opéras « Billy Budd » et « Peter Grimes » qui avaient été créés à Londres respectivement en 1951 et 1945. Tous deux restaurés et digitalisés, ce sont des documents très précieux par leur vocation d'ouvrir ces deux chefs d'oeuvre de l'opéra anglais à un plus large public que celui des villes dotées d'un théâtre lyrique dans l'Angleterre d'après-guerre.
Noir et couleur.
Réalisé en 1966, « Billy Budd » par Basil Coleman, le metteur en scène de la création, permet d'entrer beaucoup plus que lors d'une représentation scénique dans l'atmosphère du navire L'Invincible où se passe l'action inspirée du roman de Melville. Léger reproche, la mer n'est pas très présente mais on pénètre mieux dans les recoins du bateau et la proximité avec les personnages est plus grande.
La technique de caméra de Coleman impressionne par l'innovation des plans cinématographiques.
Les interprètes et le London Symphony Orchestra dirigés par Charles Mackerras sont excellents : on y dénombre Peter Pears dans le rôle du capitaine Vere qu'il créa et chanta jusqu'à la fin de sa carrière, Peter Glossop dans le rôle-titre et l'équipe de chanteurs habituels à Britten : Peter Pears, John Shirley-Quirk, Benjamin Luxon… et le très noir Claggart de Michael Langdon.
Magnifique réédition mais les amateurs de « Billy Budd » ne pourront s'estimer comblés que quand paraîtra le film d'extraits réalisés par la chaîne de télévision américaine NBC en 1952 (« Scenes from Billy Budd ») avec le créateur du rôle Theodor Uppman.
« Peter Grimes » qui fut populaire beaucoup plus tôt que « Budd », fut filmé trois ans plus tard sous la direction musicale du compositeur. On passe à la couleur et à une technique de film (Bryan Large) plus classique. Mais on est pris par le théâtre et l'atmosphère maritime de ce drame villageois qui souligne la cruauté de la censure de la société envers ses marginaux. Pears est un Peter Grimes magnifique, halluciné mais sans excès, Heather Harper, interprète privilégiée du rôle d'Ellen, très crédible et excellente dans la virtuosité demandée. Deux archives d'un intérêt évident pour les amateurs de Britten et Pears.
4 DVD séparés Decca/Universal.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature