Opacité

Publié le 06/09/2005

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Jacques Chirac a toujours dit, et notamment depuis la maladie de François Mitterrand, que, pour sa part, il ne ferait publier aucun bulletin de santé. Les communiqués qui jalonnent son séjour au Val-de-Grâce sont des modèles de sobriété littéraire, conformément à la volonté du président.
Le chef de l'Etat s'abrite derrière le secret médical et il est soutenu, sur ce point, par les défenseurs de l'éthique. Il demeure que M. Chirac n'est pas n'importe quel patient. Il représente à lui seul la totalité de l'exécutif et sa santé a une incidence directe sur le fonctionnement des institutions : son état concerne l'Etat.
Bien entendu, le silence est encore préférable au plus long mensonge de tous les temps qui a permis à Mitterrand de gouverner pendant douze ans avec un cancer de la prostate ; mais du point de vue de la démocratie, il n'est nullement satisfaisant.
Le silence est en outre inopérant quand le chef de l'Etat doit être brusquement hospitalisé : dès lors qu'on ne sait rien, on émet, sur la base de l'ignorance, toutes sortes d'hypothèses, des plus alarmistes aux plus rassurantes.
Parmi nos lecteurs, certains s'inquiéteront de ce que nous proposions la levée du secret médical pour le président ; mais nous invoquerons la caution de quelques médecins qui font de la politique. Les uns ont rejoint le clan des hypocrites, selon lesquels il n'y a rien à dire parce qu'il ne se passe rien ; ce faisant, ils contribuent eux aussi à la dissipation du secret. Les autres estiment que le patient-président ne s'appartient pas et doit faire toute la lumière sur sa santé.

> RICHARD LISCIA