Selon Rebecca Rudolph et coll. (université de Washington), le sélénium pourrait réduire le risque cancéreux en empêchant l'inactivation du gène suppresseur de tumeur p53. Les auteurs tirent cette conclusion d'une étude des relations entre le taux sanguin du sélénium et les modifications de la muqueuse du bas oesophage chez 399 patients présentant un syndrome de Barrett. Les participants de l'étude ont été sélectionnés dans un groupe de plus de 450 patients ayant un syndrome de Barrett, soigneusement suivis dans un programme spécifique à Seattle.
Les investigateurs trouvent que les sélénémies les plus basses, dans les limites de la normale, sont associées à une multiplication par deux à trois des états précancéreux avancés de la muqueuse du bas oesophage, comparativement aux patients qui ont des valeurs moyennes ou hautes (toujours dans les limites de la normale).
Les états histopathologiques précancéreux ont une prévalence moindre, notamment : les dysplasies, la perte d'hétérozygotie au chromosome 17p (ce qui inactive le gène suppresseur de tumeur p53), l'aneuploïdie et l'augmentation de la fraction 4N (nombre de cellules ayant 4N chromosomes, marqueur des anomalies de division cellulaire).
Pour les sélénémies les plus hautes, le risque d'aneuploïdie est divisé par trois, ceux de dysplasie cellulaire et de perte du gène p53 sont divisés par deux.
D'autres études cliniques randomisées ont déjà montré que le sélénium réduit significativement le risque et la mortalité associés à de nombreux cancers, y compris ceux de la prostate et colorectal. Ce qui est confirmé par les travaux en biologie cellulaire montrant que le sélénium inhibe les phénomènes moléculaires aboutissant à la cancérisation.
Ralentir la croissance cellulaire anormale
Ainsi, le sélénium ralentit la croissance cellulaire anormale, empêche les dommages de l'ADN et favorise les processus normaux d'apoptose. Ce micronutriment agit aussi comme antioxydant et de ce fait peut empêcher les effets de dommage cellulaire des radicaux libres au cours du métabolisme cellulaire normal.
L'étude de Rudolph et coll. est riche d'implications potentielles sur la santé publique. Cinq à dix pour cent des patients présentant un syndrome de Barrett développent un cancer de l'oesophage. Leur nombre a triplé entre 1976 et 1990 et plus que doublé pendant la dernière décennie aux Etats-Unis.
Les principales sources alimentaires de sélénium sont constituées par le poisson, la viande, le pain et les céréales. Les fruits secs oléagineux (noix, noix du Brésil, etc.) en sont particulièrement riches. L'apport nutritionnel conseillé en France est de 55 à 70 microgrammes quotidiens.
* « Journal of the National Cancer Institute », 21 mai 2003.
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