QUELLE QUE SOIT la date de reprise des négociations conventionnelles, la branche généraliste de la Fédération des médecins de France (FMF-G) estime que les pouvoirs publics ont manqué une occasion de refonder les relations entre les médecins libéraux et les caisses d'assurance-maladie. «Compte tenu de ce qui s'est dit aux ÉGOS [états généraux de l'organisation de la santé], on pensait vraiment qu'il y avait moyen de repartir sur une nouvelle convention fondée sur la coordination des soins et non les parcours de soins», déclare le Dr Jean-Paul Hamon, président de la FMF-G.
Certes, la FMF souhaite participer aux négociations à venir. Néanmoins, il avertit d'emblée qu' «en juin il y aura une vraie discussion pour savoir si la FMF va dans la convention car le débat est ouvert!». La FMF-G se montre notamment «inquiète» face à la perspective d'un «conventionnement sélectif» (contrats santé solidarité) et de contrats individuels qui prévoient «un paiement des médecins au mérite, en fonction des économies qu'ils réalisent».
En matière de maîtrise médicalisée des dépenses, le Dr Hamon fustige les tracasseries des caisses au sujet des ordonnances bizones destinées aux patients en affection de longue durée (ALD). Au lieu de signaliser par des «feux vert, orange ou rouge» les médicaments prescrits pour une ALD, les caisses pourraient, selon le leader de la FMF-G, économiser jusqu'à «deux ou trois milliards d'euros» en faisant elles-mêmes «le tri (des médicaments) au remboursement» sur la base de référentiels de la Haute Autorité de santé. Cela aurait le mérite de remplacer un système de feux de signalisation qui, en l'état, s'apparente trop à ses yeux à un «permis à points» pour médecins libéraux.
Quant à la démographie médicale, le Dr Hamon considère que «ce ne sont pas les mesures conventionnelles qui vont la changer».
Trois pistes pour la démographie.
Pour la FMF-G, il est «urgent» d'inciter davantage les médecins à s'installer en libéral, alors que seulement «14% des médecins diplômés» le font, souvent à l'âge de 40 ans, et que «moins de la moitié» d'entre eux choisissent la médecine générale. Jean-Paul Hamon ne voit que trois moyens efficaces d'agir sur la démographie médicale : «La formation initiale, une PDS organisée et une incitation à exercer la médecine de groupe», parce que «les maisons de santé [promues par la ministre de la Santé] ne sont pas la panacée partout.»
En matière de formation initiale, le Dr Hamon déplore le retard pris par les pouvoirs publics dans la titularisation des généralistes-enseignants et la nomination des chefs de clinique de la nouvelle spécialité. Devant les incohérences de la resectorisation, la FMF-G dit banco au ministère s'il est effectivement «prêt à mettre 450millions d'euros sur la PDS des médecins généralistes», comme le cabinet de Roselyne Bachelot le lui a déjà laissé entendre. «Avec cette somme-là, on organise une PDS sans aucun problème, à condition de laisser les libéraux s'organiser, affirme le président de la FMF-G. Dans les trois mois, nous sommes prêts à relever le défi.» Il suggère à SOS-Médecins de «faire évoluer sa pratique», à l'instar de ce que fait déjà « SOS » dans l'Essonne (présence dans les grandes agglomérations et gardes assurées en nuit profonde).
Enfin, le président de la FMF-G ne cache pas sa stupéfaction face au plan Canicule de l'été 2008 dévoilé par la ministre. «C'est la ligne Maginot sans fantassins», raille-t-il, puisque les médecins généralistes et les aides-soignantes à domicile en sont «complètement absents». Cinq ans après la canicule de 2003, qui avait causé la mort de 15 000 personnes, le Dr Hamon regrette que le gouvernement n'ait «rien compris».
> AGNÈS BOURGUIGNON
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