C’EST EN 1972, dans le cadre du Festival de Salzbourg, que fut créée « l’Ignorant et le Fou », pièce féroce s’il en est et qui appartient à ces charges effroyables directement adressées, par Thomas Bernhard, à ses concitoyens... Il aimait la musique, mais pas le public de Salzbourg. Il aimait Mozart. Il aimait tisser d’étranges liens entre des mondes que rien ne devrait réunir...
Ici, et c’est le mouvement principal de la pièce, le médecin (Pierre Baux) parle sans cesse et sans cesse décrit avec force détails (précisions épouvantables pour les oreilles attentives) une autopsie.
Tout le corps y passe, du crâne au sexe. Il est sadique, ce docteur qui raconte cela à celle que Thomas Bernhard appelle « la Reine de la nuit » (Violaine Schwartz) et qui est en pleine représentation de « la Flûte enchantée » dont on entend d’ailleurs l’air célèbre. Son père (Fred Ulysse) est presque complètement aveugle. Quels liens entre ces trois-là ? Thomas Bernhard ne se prononce pas clairement et il est vrai que la pièce change selon les moments et les lieux où on la joue.
C’est Célie Pauthe qui met aujourd’hui en scène cette pièce étrange qui dérange. La figure qui domine est celle du docteur qui raconte une dissection tandis que Thomas Bernhard dissèque les âmes. On regrette que le metteur en scène ne cherche pas à expliciter mieux ce qui est en jeu. Il faut se méfier du démonstratif, de l’excès car Thomas Bernhard exige une ligne très ferme, pas de pathos mais de la cruauté. On sent le public subjugué et ce d’autant que Pierre Baux est remarquable et ses camarades très engagés, Violaine Schwartz notamment. Le père, Fred Ulysse, très bon interprète, et les personnages qui les entourent, joués par Karen Rencurel et Daniel Affolter, sont convaincants.
Théâtre Gérard-Philipe de Saint-Denis, à 20 h 30 du mercredi au samedi, 19 h 30 le mardi et en matinée le dimanche à 16 h. Durée : 2 heures sans entracte. Texte publié par L’Arche. Jusqu’au 4 février (01.48.13.70.00).
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