TOUS LES DEUX ANS, selon une procédure statutaire bien rodée, l'Ordre des médecins procède à un scrutin pour le renouvellement par tiers de ses conseillers nationaux.
Le dépouillement du vote du dernier renouvellement va avoir lieu aujourd'hui, en fin d'après-midi. Les membres sortants du Conseil national sont les Drs André Raynal (Auvergne), Stanislas de Gail (Bourgogne), Louis-Jean Calloc'h (Bretagne), Piernick Cressard (Centre), Jean-Claude Sarrey (Franche-Comté, décédé en début d'année), Irène Kahn-Bensaude et Gérard Zeiger (Ile-de-France, département Ville de Paris), François Rousselot (Limousin), Jean Brouchet (Midi-Pyrénées), Pierre Jouan (Provence-Alpes-Côte d'Azur), Boris Chatin (Rhône-Alpes), René Legendri (titulaire, Martinique), Charles Saint-Aimé (suppléant, Martinique). A noter qu'Irène Kahn-Bensaude, qui avait annoncé qu'elle ne se représenterait pas, a finalement choisi de rejoindre l'arène électorale pour un nouveau combat.
Cette élection est importante dans la mesure où, le 28 juin prochain, le nouveau conseil issu des urnes va se réunir en conclave pour élire un nouveau président et un nouveau bureau : l'actuel président, le Pr Jacques Roland, a déjà fait savoir qu'il ne briguerait pas un nouveau mandat (« le Quotidien » du 14 novembre 2006).
Selon nos informations, plusieurs candidats sont en lice pour briguer la succession du Pr Jacques Roland. Certes, l'élection du président de l'Ordre se fait d'ordinaire loin des tréteaux et dans une ambiance feutrée. Mais l'approche de l'échéance et l'ampleur des enjeux forcent les candidats à sortir de l'ombre.
Il y a d'abord les compétiteurs « officiels ». Deux se sont déclarés lors de la dernière réunion du conseil national : le Dr Jacques Lucas tout d'abord : il est secrétaire général de l'institution, et candidat pour la troisième fois consécutive. En 2003, il avait été battu par Michel Ducloux, qui n'a pas laissé de souvenir impérissable de son action à la tête de l'institution, sinon celui d'un homme affable. Et, en 2005, le Dr Lucas avait fait jeu égal avec le Pr Jacques Roland, qui l'avait emporté au bénéfice de l'âge. Le Dr Lucas joue en quelque sorte son va-tout dans cette élection, car il ne peut pas briguer le poste de président à chaque élection. Autre candidat officiellement déclaré : le Dr Walter Vorhauer. Moins médiatisé que son concurrent Jacques Lucas, le Dr Vorhauer vient de la Picardie. Mais, si son nom n'apparaît pas dans les gazettes, il n'en a pas moins lié de solides amitiés au sein du Conseil national.
Et puis il y a les autres candidats, ceux qui hésitent et tâtent l'eau du bout des pieds avant de se décider à plonger. Premier d'entre eux, le Dr Michel Legmann : vice-président de l'Ordre des médecins et du Conseil national de la formation médicale continue (Cnfmc) des libéraux, le Dr Legmann aurait, selon un conseiller national, organisé une sorte de primaire officieuse et amicale entre lui-même et Walter Vorhauer. Michel Legmann aurait remporté cette primaire, mais aurait malgré tout laissé le Dr Vorhauer se présenter. Contacté par « le Quotidien », Michel Legmann indique qu'il réserve sa décision en fonction de la composition du nouveau conseil national qui sortira ce soir des urnes.
Enfin, le Pr Claude-François Degos serait en lice. Membre du conseil de l'Ordre de Paris, tout nouveau président du conseil régional Ile-de-France de l'Ordre, il est candidat ce soir au poste de conseiller national. Dans ces conditions, il serait certes un peu nouveau au conseil national pour briguer la présidence, mais sa qualité de seul candidat hospitalo-universitaire pourrait faire de lui un candidat très présentable aux yeux de ceux qui souhaiteraient contrer la possible élection de Jacques Lucas. Contacté par « le Quotidien », le Pr Degos confirme qu'il est bien candidat ce soir au poste de conseiller national. Mais à la question de savoir s'il pourrait lorgner sur la succession du président Roland, le Pr Degos répond laconiquement : «Les rumeurs existent, je ne peux pas empêcher leur propagation. Pour l'instant, ce n'est pas à l'ordre du jour.»
« Le maire du palais ».
Ces différentes candidatures ont inspiré un certain nombre de commentaires au sein de l'institution. Tel conseiller national estime par exemple que «Jacques Lucas constitue la meilleure candidature. Mais le fait d'être vu comme “le maire du palais” peut être un handicap: il pourrait paraître trop autoritaire ». Un autre conseiller national fait la fine bouche : «Lucas, je l'ai déjà soutenu dans le passé, mais comme secrétaire général, je ne l'aime pas trop: il essaie de se faire mousser et il ne sait pas déléguer.» Tandis qu'un de ses proches cache mal son admiration pour Jacques Lucas : «Il a réussi le tour de force de jouer le jeu et de travailler avec Jacques Roland, qui n'a été élu président qu'au bénéfice de l'âge... Pour moi, Lucas est un fédérateur.» Tel autre conseiller ne mâche pas ses mots pour Claude-François Degos : «Degos candidat au national? Ce n'est pas possible, il vient à peine d'être élu président du conseil régional Ile-de-France. Qu'il y fasse d'abord ses preuves.» Second son de cloche, plus mesuré : «Degos sera sans doute président de l'Ordre national un jour, mais se présenter au poste de président quinze jours après avoir été élu conseiller national, ça ferait un peu tôt.» Enfin, ce commentaire sibyllin mais malgré tout explicite d'un autre conseiller : «Celui d'entre tous les candidats qui sera perçu comme un hospitalo-universitaire bénéficiera d'un plus.»
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