Prendre en charge une personne obèse nécessite une approche multidisciplinaire, répétée dans le temps. Les patients ont besoin de conseils concrets et fréquents pour modifier progressivement leur mode de vie et, bien souvent, celui de leur entourage. Les médecins ne disposent pas toujours de la disponibilité indispensable, mais ils peuvent se faire aider par différents moyens. Parmi ceux-ci, l'utilisation de l'Internet et surtout celle du téléphone ont été mises en avant au congrès du NAASO (1).
Sur le court terme, un programme avec contact téléphonique hebdomadaire a permis une perte rapide de poids (7,4 % du poids initial en six semaines). Ce programme, fondé sur un régime largement hypocalorique, n'a pas été évalué au long cours.
En revanche, le programme français (Programme succès poids) est un suivi au long cours de patients traités par orlistat et « coachés » par téléphone.
Le Programme succès poids est proposé par les médecins à leurs patients susceptibles d'être traités par orlistat. Ce sont 27 diététiciens qui sont mobilisés dans un centre d'appel téléphonique pour aider le patient à réaliser dans sa vie quotidienne les prescriptions de son médecin.
Des diététiciens appellent une fois par semaine
L'originalité du système repose sur le fait que ce sont les diététiciens qui appellent une fois par mois le patient et non l'inverse. Les appels ont pour objectifs d'aider le patient à identifier les graisses cachées pour en réduire la quantité, à équilibrer globalement son alimentation et celle de sa famille, à lutter contre la sédentarité. Les diététiciens ont aussi un rôle de soutien et d'encouragement. Chaque patient a un diététicien dédié qui informe systématiquement le médecin traitant.
Depuis mars 2001, près de 40 000 patients ont bénéficié du programme. Les résultats présentés concernent les 15 727 premiers patients. Il s'agit, dans 80 % des cas, de femmes, âgées en moyenne de 48 ans et ayant un IMC de 32 kg/m2.
Un patient sur quatre déclare vouloir perdre du poids pour des raisons de santé, 13 %, pour son apparence, et 63 %, pour se sentir mieux. Quatre-vingt-neuf pour cent d'entre eux acceptent l'objectif proposé par le diététicien qui est de perdre 10 % de son poids initial.
La perte de poids est régulière pour ces patients traités par orlistat et participant au programme. Elle atteint 2,86 % dès le deuxième appel et 8,30 % au neuvième appel. A l'issue du programme, 36,2 % des patients ont perdu au moins 10 % de leur poids de départ.
Les facteurs associés à la perte de poids sont sans surprise, qu'il s'agisse de l'observance au traitement, de sa tolérance, mais aussi du sexe (les hommes perdent plus que les femmes), de l'âge (les plus âgés ont de meilleurs résultats) et de l'IMC : plus ce dernier est important, meilleures sont les chances de succès. Parmi les facteurs alimentaires prédictifs de succès, on trouve une faible consommation d'alcool et de confiseries, une forte consommation de fruits et de légumes et l'absence de grignotage entre les repas. L'activité physique, en particulier la marche, est un autre gage de succès.
Pas assez de recul
La modification des habitudes alimentaires et la perte de poids obtenues à douze mois sous l'association traitement-« coaching » sont-elles durables ? On ne dispose pas d'assez de recul pour l'affirmer, mais les premiers résultats vont dans le bon sens.
Les expériences de « coaching » pour modifier les habitudes de vie existent également pour les diabétiques, les asthmatiques et, en cardiologie, pour les insuffisants cardiaques.
(1) Congrès annuel du North American Association for Study of Obesity. Fort Lauderdale.
Communications de L. Gotthele (Boston), M.-A. Charles, S. Fages, M. Laville et A. Basdevant (France).
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