La comparaison des résultats de deux enquêtes menées en France, ObEpi 1997 et ObEpi 2000, montre une progression du surpoids (IMC : indice de masse corporelle compris entre 25 et 30 kg/m2) et de l'obésité (IMC > 30 kg/m2) au cours des trois années qui les séparent. La population française a grossi en moyenne de 0,8 kg, soit une augmentation de 0,3 kg/m2 d'IMC. Cette augmentation de poids affecte tous les sujets étudiés, quels que soient le sexe, l'âge ou la catégorie socioprofessionnelle. On compte désormais plus de 4,2 millions d'obèses (contre 3,6 millions en 1997), ce qui correspond à une progression de 17 %. Entre 1997 et 2000, 650 000 personnes sont devenues obèses, dont 20 000 présentent une obésité morbide (IMC > 40 kg/m2). Cette progression rapide et généralisée incite à la réflexion. Chez l'enfant, la prévalence de l'obésité ne cesse d'augmenter dans tous les pays. La prise en charge thérapeutique repose sur des mesures diététiques, une augmentation de l'activité physique et un soutien psychologique. Les résultats étant décevants, il est nécessaire d'améliorer les mesures de prévention tant au niveau de la population générale qu'au niveau individuel. Les experts recommandent de réduire la sédentarité, de respecter les rythmes alimentaires et de diminuer la densité calorique de l'alimentation.
Le dépistage des enfants à risque
Au niveau individuel, la prévention commence par le dépistage précoce des enfants à risque. Trois facteurs doivent être recherchés : une obésité parentale, un excès pondéral dès l'âge de 1 an et la précocité de l'âge du rebond d'adiposité (avant 6 ans), qui est l'un des meilleurs facteurs prédictifs d'obésité. Les enfants les plus minces sont ceux qui consomment le plus de glucides. L'étude Fleurbaix-Laventie Ville-Santé, menée dans le Nord de la France depuis bientôt dix ans, permet un suivi de l'état nutritionnel et des paramètres anthropométriques. Les données qui concernent 500 enfants âgés de 5 à 11 ans mettent en évidence que, plus la part d'énergie apportée par les hydrates de carbone est importante, plus les index d'adiposité sont faibles ; et inversement avec le pourcentage d'énergie lipidique. Il existe des seuils qui correspondent aux recommandations françaises actuelles chez l'enfant. Lorsque la quantité de glucides est < 51,7 % de l'apport énergétique total ou lorsque la quantité de lipides excède 34,2 %, les enfants ont plus de risques d'être en surpoids ou obèses. Et lorsque la proportion d'acides gras est < 13,9 %, les enfants sont plus minces.
80 % des diabétiques sont obèses
Le diabète de type 2 est fortement lié à l'adiposité, puisque 80 % des patients diabétiques sont obèses. Pendant longtemps, on a cru que la résistance à l'insuline des tissus cibles périphériques, qui induisait une accumulation de triglycérides dans l'adipocyte, était responsable de l'obésité. Mais la résistance à l'insuline ne se manifeste pas uniquement sur les adipocytes. En outre, des peptides sécrétés par l'adipocyte (leptine, TNF-alpha, adipsine) pourraient être impliqués, mais ils ne suffisent pas à eux seuls pour expliquer ce phénomène de résistance. A partir du mécanisme d'action d'une nouvelle classe thérapeutique, les glitazones, une équipe de Philadelphie (C. Steppan et coll., « Nature » 2001, vol. 409, pp. 307-311 et J. Fier, pp. 292-293) a découvert une nouvelle hormone, la résistine. Chez la souris, son excès entraîne une résistance à l'insuline ; inversement, sa diminution expérimentale induit un retour à la normale de la sensibilité à l'insuline. Libérée par les adipocytes, la résistine a été retrouvée dans le sérum des animaux à des taux variables, selon les apports alimentaires : très abaissée après un jeûne de 48 heures, elle augmente dès que l'animal se nourrit. Chez des souris obèses (ob/ob) ou diabétiques génétiquement (db/db), les taux de résistine sont également accrus.
Relation entre asthme et obésité
En ce qui concerne l'asthme, une équipe britannique (J. I. Figueora-Munoz et coll. « Thorax », 2001, 56 ; 133-137) a mené une étude sur plus de 14 000 enfants. Les résultats ont démontré clairement l'existence d'une association entre l'asthme et l'obésité. Ce lien s'est révélé plus fort chez les filles, mais moins étroit chez les enfants citadins. Cependant, l'asthme est-il à l'origine de l'obésité ? On peut se poser la question, car les parents d'enfants asthmatiques ont parfois tendance à restreindre les exercices physiques de leurs enfants, craignant qu'ils ne déclenchent une crise d'asthme. Néanmoins, un nombre croissant d'études montre que les personnes en surpoids sont plus souvent asthmatiques. Parmi elles, une étude anglaise a montré que l'activité physique pratiquée par les enfants était identique chez les asthmatiques et chez ceux qui ne l'étaient pas. De plus, une réduction du poids apporte une amélioration de la fonction ventilatoire.
L'imporatnce de l'IMC dans le diagnostic
L'utilisation de l'IMC, un indice établi à partir de mesures du poids et de la taille recueillies à différents âges, a été recommandée par l'OMS en 1995. Au cours de la première année de vie, la valeur de l'IMC augmente ; elle diminue jusqu'à l'âge de 6 ans, puis augmente à nouveau : on parle de rebond d'adiposité. Plus l'âge du rebond est précoce, plus le risque de devenir obèse à l'âge adulte est élevé. Enfin, l'IMC s'est révélé un meilleur moyen d'évaluation du surpoids que la mesure de l'épaisseur du pli cutané.
Perdre du poids sans régime alimentaire
Des souris déficientes en acétyl-CoA carboxylase-2 (ACC2) accumulent moins de graisses que des souris normales : elles présentent une diminution (50 %) des réserves d'acides gras dans le tissu adipeux. De plus, alors qu'elles mangent davantage que des souris normales (de 20 à 30 % d'aliments en plus), leur poids est normal ou légèrement inférieur (10 %). Cela suggère qu'elles dépensent davantage d'énergie. Le Dr Wakil et son équipe (« Science », 2001, pp. 2613) font l'hypothèse que l'augmentation de l'alimentation pourrait être causée par une diminution de 30 % de la leptine, elle-même consécutive à la diminution du tissu graisseux. Si ces observations sont retrouvées chez l'homme, l'inhibition pharmacologique de l'ACC2 pourrait permettre aux individus de perdre du poids tout en conservant une alimentation normale.
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