Le CAPI est sans doute la dernière arme trouvée par nos administratifs pour aggraver la désertification médicale ! En effet, quel est le médecin le plus naturellement « efficace » : celui qui soigne 20 patients par jour, ou celui qui soigne 60 patients par jour ? Quel est celui qui va trouver le temps administratif pour courir après la réalisation des objectifs nécessaires à l’obtention de la prime ? A titre d’exemple, une femme refusait son mammotest, j’ai pris du temps pour pleurer en lui expliquant qu’à cause d’elle, revue "Le Généraliste" à l’appui, je n’aurai pas de prime en fin d’année. Huit jours après, elle avait réalisé son test !
Belle médecine vers laquelle nous allons, cela pour une prime de 5600 euros par an ! D’ailleurs quand on lit les propos du professeur Allemand « si chaque généraliste améliore chez 4 diabétiques par an le suivi de l’hémoglobine glyquée, 625000 diabétiques seront mieux suivis en France ». Cela ne veut pas dire qu’ils iront mieux encore moins qu’ils coûteront moins cher à la société, de cela, il n'y a aucune certitude !
Alors en me mettant dans la peau d’un jeune diplômé, je me dis que pour l’happy day où je déciderai de m’installer, croyant plus à l'efficacité de l’examen clinique, du bon sens clinique et du temps nécessaire à la discussion avec le patient, qu’à la comptabilisation du nombre des examens prescrits, le calcul serait vite fait : une prime de 5600 euros moins une amende de 3000 euros, cela fait un gain de 2600 euros, et que finalement, à qualité de vie supérieure, avec un petit effort de comptage administratif supplémentaire, il n’y a plus aucune raison de s’installer à la campagne, d’autant qu’en zone sous-médicalisée, le CAPI, je n’aurai sûrement pas le temps.
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