Le nouveau variant de la maladie de Creutzfeldt-Jakob est causé par un agent qui est actuellement indifférenciable de l'agent responsable de l'encéphalopathie spongiforme bovine (EBV) ou maladie de la vache folle.
Cinq ans après sa première identification, de nombreuses incertitudes demeurent sur le nombre d'individus qui ont été infectés par l'agent et sur le nombre de sujets qui développeront la maladie clinique. En effet, il n'existe à l'heure actuelle aucun test pour déterminer si une personne sans symptôme est infectée. Il est par conséquent très difficile de déterminer l'étendue de l'épidémie.
Jérôme Huillard d'Aigneaux et coll. (London School of Hygiene and Tropical, Londres) ont utilisé, pour estimer l'étendue de l'épidémie, une technique statistique de rétrocalcul (Back Calculation). Cette technique a été développée dans le contexte de l'épidémie de VIH/SIDA et a fait ses preuves.
Un rétrocalcul qui a fait ses preuves dans l'épidémie de VIH/SIDA
Les chercheurs ont développé une série de modèles de rétrocalcul afin d'explorer la prévalence d'infection par l'agent du nvMCJ et l'incidence de cas cliniques de la nvMCJ au Royaume-Uni.
Dans ces modèles, les chercheurs ont supposé que le risque d'infection est proportionnel à l'incidence d'EBV au Royaume-Uni. Ils ont pris des intervalles très flexibles de période d'incubation. Ils n'ont considéré que les 40 % de la population britannique dont le génotype est associé à une susceptibilité à la maladie (homozygotie méthionine au codon 129 du gène PrP). Et le modèle a été ajusté aux 82 cas cliniques identifiés avant la fin de l'année 2000.
Avec ces modèles en main, les chercheurs estiment que la taille de l'épidémie (ou le nombre de cas cliniques) se chiffre entre quelques centaines et quelques milliers de cas. « Quelle que soit la distribution de la période d'incubation utilisée, les estimations obtenues du modèle suggèrent que l'épidémie des cas de nvMCJ est très proche de son pic », notent les chercheurs. « L'incidence annuelle du nvMCJ ne risque guère de dépasser, à jamais, les 100 cas », ajoutent-ils.
Toutefois, ces modèles laissent persister une grande incertitude sur le nombre de primo-infections nvMCJ qui sont survenues.
La grande inconnue : le nombre d'infections
Les estimations placent ce nombre entre quelques centaines et plusieurs milliers (voire des millions) d'infections. Il est important de connaître ce nombre d'infections, « car les conséquences sont considérables pour la santé publique, et en particulier pour le risque de transmission secondaire », rappellent les chercheurs. « En l'absence d'un test fiable pour détecter l'infection asymptomatique, une grande incertitude sur le nombre d'individus infectés pourrait persister pendant un certain nombre d'années », concluent-ils.
« Science » du 26 octobre 2001.
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