Les chercheurs britanniques continuent de s'inquiéter de l'ampleur possible de l'épidémie due au nouveau variant de la malade de Creutzfeldt-Jakob (nvMCJ). A la fois trop élevé et trop faible, le nombre de décès enregistrés au Royaume-Uni (115) ne permet pas d'établir des données prospectives.
Dans ce contexte, David A. Hilton et coll. ont proposé d'adapter à l'humain un test de dépistage utilisé chez l'animal. Il permet d'évaluer la prévalence de l'infection à prion dans une population avant l'apparition des signes cliniques. Chez les caprins et ovins, l'accumulation lymphoréticulaire de la protéine prion est recherchée à titre de test préclinique de la scrapie. Les chercheurs britanniques ont donc cherché le prion dans le tissu lymphoréticulaire sur un grand nombre de pièces d'appendicectomie et d'amygdalectomie. Sur les 8 318 organes analysés, un seul a montré une accumulation de prion. Ce qui, sur la période considérée, correspond à une prévalence de 120 cas par million d'habitants âgés de 10 à 50 ans (intervalle de confiance 90 %, 0,5 à 900).
Une seule identification de protéine prion
Les pièces d'appendicectomie et d'amygdalectomie réalisées entre 1995 et 1999 au Royaume-Uni ont été examinées rétrospectivement. A noter que les appendices (d'appendicectomie ou d'autopsie) des patients atteints de Creutzfeldt-Jakob ont été également étudiés.
Ainsi, 11 228 pièces ont été soumises à l'analyse immunohistochimique. En ont été exclues 2 910, notamment en raison d'un nombre de follicules lymphoïdes inférieur à 5. La majorité des organes étaient des appendices et ils provenaient dans 70 % des cas de sujets de 20 à 29 ans. Une seule fois, une immunoréactivité de protéine prion a été identifiée dans un follicule lymphoïde. Son type de coloration était similaire à celui de deux sujets atteints de MCJ.
En ce qui concerne les appendices des patients touchés par la MCJ, deux des trois pièces d'appendicectomie réalisées avant l'apparition de la maladie neurologique étaient positives. Sur les 20 appendices prélevés par autopsie, 19 montraient une accumulation lymphoréticulaire de protéine prion.
95% des appendices des patients atteints
« La sensibilité et la spécificité de l'accumulation lymphoréticulaire préclinique de protéine prion dans la prédiction de la nvMCJ sont inconnues, expliquent les auteurs , mais chez les moutons exposés à la scrapie elles sont estimées respectivement à à 87 et 94 %. A l'autopsie, 95 % des appendices de patients atteints de nvMCJ avec des taux adéquats de tissu lymphoïde ont montré une accumulation de protéine prion, comme les deux appendices, opérés pendant les années 1990, de patients qui ont déclaré la maladie plus tard. »
Les auteurs estiment, avec leur travail, fournir la première estimation du nombre de personnes potentiellement atteintes de nvMCJ. Ils concluent sur les prélèvements d'amygdales. Une vaste étude de dépistage sur les pièces d'amygdalectomie est nécessaire pour fournir des données précises sur la prévalence. Des tests sur des tissus frais permettrait d'utiliser une méthode de Western-Blot semi-automatisée et de vérifier les échantillons positifs par des études de transmission. Cependant, comme la moitié des amygdalectomies est réalisée chez des enfants de moins de 10 ans, donc à très faible risque d'exposition à l'encéphalopathie spongiforme bovine, la nécessité d'une telle étude diminuera avec le temps.
« British Medical Journal », vol. 325, 21 septembre 2002, pp. 633-634.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature