Si le relèvement du numerus clausus satisfait dans l'ensemble le monde médical, il est jugé encore insuffisant et l'effort dans ce domaine doit être poursuivi.
Mais le problème essentiel, chacun en est conscient, concerne les disparités régionales qui persistent entre les villes et les campagnes ; entre le sud, Paris (mais pas certaines de ses banlieues comme la Seine-Saint-Denis et le Val-d'Oise) et des régions du nord-ouest, du centre de la France, voire du nord de la France où l'on note parfois un manque crucial de médecins.
Certes, le gouvernement, et Jean-François Mattei l'a très bien expliqué dans les colonnes du « Quotidien » (voir notre édition du 24 octobre), va très rapidement prendre un ensemble « de mesures essentiellement incitatives » qui devraient permettre « l'installation de médecins dans les régions les plus démunies ». Sera-ce suffisant ? Rien n'est acquis dans ce domaine.
Un service de conseil personnalisé de l'assurance-maladie
Pour le Dr Michel Chassang, président de la CSMF, plus que des mesures fiscales ou des primes, il faudrait, « pour inviter un jeune praticien à s'installer dans des régions déficitaires et notamment en zone rurale, l'autoriser à relever les tarifs de ses consultatifs et de ses visites, comme cela se fait au Québec ».
L'assurance-maladie qui est également très préoccupée par les disparités régionales, et donc par les inégalités dans l'accès aux soins, étudie depuis plusieurs mois la possibilité de remédier à cette carence. Elle ne dispose guère de moyens pour encourager les médecins à émigrer ou à s'installer dans des régions qui manquent de praticiens et particulièrement de généralistes. Les remèdes, c'est d'abord le gouvernement qui les détient.
Mais la caisse nationale ne s'est pas moins émue de la différence, en matière d'offre de soins libérale, qui pouvait exister entre le département de la Seine-Seine-Denis qui compte 66 médecins pour 1 200 000 habitants et celle des Hautes-Alpes, département privilégié, où 130 généralistes exerçant pour 100 000 habitants ou de l'Hérault où l'on compte pas moins de 124 médecins pour 100 000 habitants. La moyenne nationale est de 92 médecins généralistes pour 100 000 habitants.
Pour tenter d'attirer les médecins vers les régions moins bien loties, la caisse va mettre en place tout au long de l'année 2004 un système, expérimenté pour l'instant en Haute-Normandie, qui leur donnera toutes les informations qu'ils souhaiteront sur la région de leur choix. « C'est en fait, explique-on à la CNAM, un service de conseil personnalisé qui sera progressivement disponible dans l'ensemble des URCAM » (union régionale des caisses d'assurance-maladie). Concrètement, l'assurance-maladie proposera aux médecins, puis à tous les professionnels de santé, une analyse complète de la zone d'installation envisagée (caractéristiques socio-démographique de la population de zone d'installation ; nombre et activité des autres professionnels de santé).
L'accord CNAM - MG-France
On se souvient que l'accord signé le 24 janvier 2002 entre la CNAM et le seul syndicat MG-France prévoyait l'octroi d'une prime de 13 000 euros pour les médecins qui s'engageaient à s'installer, pour au moins cinq ans, dans une régions sous-médicalisée. Un dispositif qui reprenait en fait un article du projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2002, mais dont le décret d'application n'a jamais été publié.
A l'Ordre des médecins, on est sur la même longueur d'onde. Certes, on en se félicite de l'augmentation du numerus clausus (pas suffisamment, explique le président du Conseil national, le Dr Michel Ducloux), mais on affirme surtout que le problème essentiel concerne bien la répartition des médecins sur l'ensemble du territoire. « Il faut aider les médecins dans cette démarche », explique le Dr Ducloux, et sans aucun doute, les recettes préconisées par l'institution, comme l'exercice multisites ou l'emploi d'un collaborateur libéral (voir ci-dessous) seraient de nature à remédier, en partie du moins, à ces inconvénients, sans que ne soit écarté pour autant le principe d'aide à l'installation pour les médecins qui souhaiteraient exercer dans des zones peu favorisées.
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