Près de 9 % d'augmentation en 2004 ! Telle est la hausse, significative du numerus clausus qui fixe le nombre de places offertes en deuxième année de médecine que le gouvernement a décidée pour l'année prochaine.
En 2004, le nombre d'étudiants autorisés à s'inscrire en deuxième année sera porté à 5 550 contre 5 100 en 2003, soit 450 carabins supplémentaires. Le nombre a été confirmé au « Quotidien », même si l'arrêté officiel ne sera publié qu'au mois de novembre, avec la répartition des effectifs faculté par faculté.
Après une longue période de rigueur démographique qui avait conduit le numerus clausus à environ 3 700 à la fin des années 1990, ce qui avait mis un terme à l'explosion du nombre de médecins dans les années 1970 et 1980, la politique d'assouplissement lancée depuis cinq ans se poursuit donc à un rythme élevé ; il s'agit d'amortir la forte baisse des effectifs médicaux à partir de 2010, compte tenu des départs en retraite massifs attendus (entre 7 000 et 9 0000 praticiens par an). La courbe récente du numerus clausus parle d'elle même : 4 100 étudiants en 2000, 4 700 en 2001 et 2002, 5 100 en 2003 et donc 5 550 en 2004. En cinq ans, ce sont près de 1 500 étudiants supplémentaires qui auront été autorisés à s'inscrire en deuxième année de médecine. Soit une croissance de plus de 35 % !
Une victoire pour le ministre de la Santé
On le sait, le numerus clausus, nombre très attendu dans les milieux universitaires et par le monde de la santé en général, est chaque année le fruit d'arbitrages extrêmement délicats, où deux clans s'affrontent : d'un côté, les partisans de l'austérité démographique (il y a quelques années, la CNAM ne disait-elle pas qu'il y avait 20 000 médecins en trop ? N'a-t-on pas mis en place un système très incitatif de mise à la retraite anticipée des praticiens en exercice, le MICA ?) et, de l'autre côté, les défenseurs de l' « ouverture des vannes », ou du moins d'une étreinte moins sévère dans un contexte de déclin annoncé. En l'occurrence, l'arbitrage sur le numerus clausus 2004 est plutôt une victoire du ministre de la Santé, qui militait pour un redressement important et non pas un simple « coup de pouce ». « Je négocie actuellement le numerus clausus de 2004 avec la ferme volonté d'en obtenir une nouvelle et significative augmentation », affirmait, à la fin de septembre, le ministre de la Santé lors de l'université d'été de la CSMF, à Ramatuelle. En obtenant une hausse de près de 9 %, il a été entendu, même si le puissant ministère de l'Education pose clairement ses limites. « Nous n'allons pas plus loin car nous ne voulons pas déshabiller les filières biologiques et scientifiques (DEUG) , explique Luc Ferry, interrogé à ce sujet par « le Quotidien ». Il y a là un équilibre à trouver, même si on va dans le sens de l'augmentation. »
Même si le chiffre a toujours quelque chose de magique, il faut en relativiser la portée. D'abord, le numerus clausus ne constitue qu'un levier d'action qui n'est pas toujours efficace en termes de démographie, puisqu'il faut environ dix ans (et souvent plus) pour former un médecin. Mais surtout, plusieurs autres mesures sont à l'étude ou déjà dans les tuyaux ministériels pour tenter de combattre le déclin de la démographie médicale, encourager l'installation dans les zones déficitaires et éviter la formation de déserts sanitaires (primes à l'installation, aides à l'investissement, possibilité d'ouvrir des cabinets secondaires...).
Quant à la liberté totale d'installation des médecins libéraux sur le territoire, le tabou n'est pas (encore) levé. Mais il semble évident que le gouvernement veut sensibiliser les futures générations de praticiens. A Ramatuelle, Jean-François Mattei ne disait pas autre chose. « Il faut d'ores et déjà fixer un cap. Il faut des règles lisibles par ceux qui vont commencer aujourd'hui des études médicales. »
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