« Pour l'Autorité de sûreté nucléaire, l'année 2001 aura été une année de transition, sans éléments majeurs en matière de sécurité nucléaire », affirme André-Claude Lacoste, ancien directeur de la DSIN (direction de la Sécurité des installations nucléaires), nouvellement nommé directeur de la DGSNR (direction générale de la Sûreté nucléaire et de la Radioprotection). Année de transition, compte tenu des réformes engagées par le gouvernement en 2000 ayant abouti, en février 2002, à la réorganisation de la radioprotection et de la sûreté nucléaire via la création de l'IRSN (Institut de la radioprotection et de la sûreté nucléaire) et de la DGSRN (« le Quotidien » du 14 mars).
Deux incidents ont toutefois marqué l'année 2001. Le premier concerne la détérioration du matériel constatée dans un réacteur de la centrale de Cattenom, détérioration pour laquelle aucune explication n'a pu être fournie. Le second met en jeu la rigueur d'exploitation : une erreur dans le rechargement en combustible d'un réacteur de la centrale Dampierre aurait pu, dans d'autres circonstances, conduire à un démarrage incontrôlé d'une réaction nucléaire. Rappelons que cette centrale faisait l'objet d'une surveillance renforcée de la part de l'Autorité de sécurité nucléaire (ASN) depuis septembre 2000, date à laquelle une accumulation de dysfonctionnements avait été constatée. Cette surveillance a pu être levée au début de l'année 2002, la situation ayant enfin été rétablie.
La peur des attentats
Dans le domaine des déchets, l'année 2001 a vu la présentation par les exploitants nucléaires des « études déchets » imposées par l'arrêté du 31 décembre 1999. Bien qu'elles soient incomplètes, ces études représentent un gros progrès dans la construction d'une politique de gestion des déchets radioactifs. En ce qui concerne les transports de matières radioactives, les événements marquants ont été les retours de déchets vitrifiés issus du retraitement à la Hague des combustibles usés étrangers vers les pays d'origine : Allemagne, Belgique, Suisse et Japon. Ces transports, politiquement sensibles, se sont techniquement passés sans problème.
Autre fait, directement en lien avec l'actualité, cette fois : André-Claude Lacoste note « une vigilance accrue » en 2001. « Les attentats du 11 septembre ont fait prendre conscience de l'existence de menaces d'un type nouveau, telle l'utilisation d'un avion commercial comme arme de destruction. Les installations nucléaires n'ont pas été dimensionnées contre ce type d'agression. »
D'où le lancement, sur chacun des sites concernés, d'une vaste étude, en termes à la fois de prévention, de résistance à une agression et de gestion des conséquences d'une éventuelle attaque. L'ASN s'est faite très discrète sur les résultats de ces enquêtes. Seule conclusion rendue publique : une insuffisance dans la distribution d'iode stable autour des centrales. « Avec la méthode de distribution actuelle - un bon envoyé aux gens par La Poste pour retirer les pastilles en pharmacie -, on n'arrive qu'à 30 % de taux de distribution, estime André-Claude Lacoste. Nous avons donc demandé au gouvernement de procéder à une distribution directe de ces pastilles, au porte à porte. »
En dehors du « dossier 11 septembre », l'ASN a approfondi sa politique de transparence en 2001, d'après André-Claude Lacoste, grâce notamment à la mise à disposition du public de documents originaux (lettres de mise en demeure d'exploitants, décisions de l'ASN, etc.).
Les priorités de la radioprotection
L'objectif majeur pour 2002 : mettre correctement en place la réforme de la DGSNR. Cela passe par de nombreux recrutements : de 300 aujourd'hui, la DGSNR vise les 600 employés d'ici trois à cinq ans. Une autre priorité consiste à intensifier la radioprotection sur les 150 installations nucléaires de base. En outre, André-Claude Lacoste souhaite que soient définies les priorités en matière de radioprotection : faut-il privilégier les études sur le radon, les doses reçues par les patients et les médecins ou les rejets radioactifs ? Des experts devront trancher. Parallèlement va être dressé un état des lieux dans deux régions, Rhône-Alpes et Basse-Normandie. Des visites d'usines, d'hôpitaux, de cabinets de radiologie vont permettre de repérer les failles en matière de radioprotection, dans le dessein de définir de nouvelles normes nationales. En attendant l'harmonisation des pratiques de contrôle de la sûreté nucléaire au niveau européen.
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