La publication des résultats de l'enquête de surveillance épidémiologique sur les noyades survenues en France l'été dernier (du 1er juin au 30 septembre) met en évidence des chiffres « encore trop élevés », souligne l'Institut de veille sanitaire (InVS) : 2 826 noyades accidentelles dont 252 mortelles, 158 tentatives de suicide dont 84 ayant entraîné la mort et 73 décès d'origine inconnue (« le Quotidien » du 29 avril).
En piscine publique, observent les auteurs*, la surveillance assurée par les maîtres-nageurs sauveteurs présents autour des bassins ne suffit pas à empêcher le risque de noyade accidentelle. D'où la recommandation d'un apprentissage de la natation dès l'âge de six ans, ainsi qu'une information sur les dangers de l'eau, pour éviter les conduites à risque et les accidents d'apnée.
De même, pour réduire la proportion des décès constatés dans les cours et les plans d'eau (59 % et 44 % de l'ensemble des noyades), une formation au secourisme et à la réanimation cardio-respiratoire de base pourrait être particulièrement efficace, qui permettrait la prise en charge précoce des noyés.
Autre mesure de précaution proposée : la restriction de la consommation d'alcool aux abords des cours d'eau et le port d'un gilet de sauvetage pour les passagers embarquant en bateau.
Sensibiliser les plus de 45 ans
Pour les baignades en mer, la surveillance des maîtres-nageurs sauveteurs et des CRS permet actuellement aux trois quarts des personnes secourues d'être en mesure de regagner leur domicile après l'accident. Une information délivrée sur les risques, en particulier ceux inhérents aux courants, comme sur la côte Atlantique, où les accidents restent nombreux, et sur le respect des interdictions de baignade (drapeau rouge) devrait permettre d'améliorer le score.
Enfin, une sensibilisation des adultes de plus de 45 ans ayant eu des problèmes de santé, tels des malaises cardiaques, pourrait être utile, avec l'invitation, surtout passé 65 ans, à ne pas surestimer ses capacités et à ne pas se baigner en solitaire.
Les campagnes de prévention menées au niveau national portent leurs fruits, on le constate avec la courbe du nombre de décès par noyade en piscine privée, qui a été divisé par deux l'an dernier par rapport aux années précédentes : 25 décès en 2002, contre 53 en 2001 et 55 en 2000 (« le Quotidien » du 10 juin).
La vigilance des adultes
La nouvelle loi sur la sécurité des piscines, qui impose l'installation d'un dispositif de sécurité normalisé pour les bassins enterrés, devrait encore réduire le nombre des victimes, à condition que la barrière soit suffisamment haute et qu'un portillon puisse être fermé à clé. Mais, soulignent les auteurs, aucun système de protection ne saurait se substituer à la vigilance des adultes. En particulier pour les enfants de moins de six ans, qui sont attirés par l'eau et n'ont pas conscience du danger : ils sont 64 à être morts noyés l'été dernier dans des piscines privées familiales ou à usage collectif, soit 62 % du nombre total des victimes.
* Céline Ermanel et Dr Bertrand Thélot.
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