Comme l'a rappelé le Pr François Guilhot (Poitiers), Glivec (2) représente une approche moléculaire révolutionnaire du traitement de la leucémie myéloïde chronique (LMC), maladie rare avec 500 à 600 nouveaux cas par an, mais modèle d'étude passionnant dans la mesure où ce cancer de la moelle osseuse est le premier pour lequel une anomalie génétique a été identifiée, le chromosome Philadelphie ; lequel met en fait en jeu deux chromosomes, les 9 et 22 qui, tous deux, se cassent à un endroit précis de leur séquence et échangent de matériel génétique. Cette translocation d'origine totalement inconnue aboutit à la formation d'un nouveau gène né de la fusion des gènes Abl et Bcr ; quand cette anomalie est acquise, une LMC apparaît.
L'imatinib agit par inhibition compétitive avec le site de liaison de l'Atp du domaine tyrosine-kinase de la protéine Bcr-Abl. Le site de la fixation de l'ATP étant bloqué, la phosphorylation des protéines ne peut s'effectuer, la prolifération cellulaire est inhibée et les cellules porteuses du chromosome Philadelphie sont détruites par apoptose. La précision et la spécificité d'action de Glivec explique à la fois son efficacité et son bon profil de tolérance. On comprend ainsi la rapidité de développement du produit qui, très peu de temps après les premières intrusions en phase 1, a obtenu une AMM européenne dans le traitement de la LMC à chromosome Philadelphie positif, en phase chronique après échec du traitement par l'interféron alpha, ou en phase accélérée ou encore en crise blastique.
De fait, les résultats présentés dans ces différentes indications mettent en évidence une amélioration notable qu'il s'agisse des survies sans progression ou des taux de réponse hématologique et cytogénétique. Par ailleurs, les effets secondaires sont modérés, les arrêts de traitement pour toxicité étant exceptionnels (de l'ordre de 1 %) avec des posologies initiales qui sont de 400 mg par jour.
Ces résultats très remarquables compte tenu de la gravité initiale des patients, conduisent à attendre avec espoir l'application de cet inhibiteur de la tyrosine kinase dans d'autres affections malignes, en particulier dans des tumeurs solides.
Zometa, bisphosphonate de nouvelle génération
Comme l'a rappelé le Pr Xavier Mariette (Kremlin-Bicêtre) Zometa devrait élargir le champ d'application du bisphosphonate en onco-hématologie. Tout d'abord, son temps de perfusion (quinze minutes contre de deux à quatre heures avec les produits commercialisés) permet non seulement un gain de temps pour le personnel soignant mais aussi une amélioration du confort des patients.
Par ailleurs, après avoir confirmé son efficacité sur les hypercalcémies malignes, Zometa est le premier bisphosphonate à avoir démontré une efficacité à la fois sur les métastases osseuses ostéolytiques (myélome, cancer du sein et du poumon) et les métastases osseuses ostéoblastiques (cancer de la prostate).
Un développement constant
A côté de la mise sur le marché de molécules innovantes, Novartis entend assurer un développement constant de molécules qui ont déjà fait leurs preuves.
Ainsi, Femara apparaît aujourd'hui comme un nouveau standard dans l'hormonothérapie du cancer du sein métastatique, l'étude multicentrique internationale P025 ayant permis à Femara d'obtenir l'indication de première intention dans le cancer du sein avancé chez la femme ménopausée, à récepteur positif. Par rapport au tamoxifène, Femara affiche une supériorité statistiquement significative quel que soit le paramètre étudié : taux de progression, taux de réponse, temps jusqu'à l'échec du traitement, bénéfice clinique global. Ajoutons à cela que les travaux en cours comme traitement adjuvant après ablation de la tumeur sont très encourageants (Dr A. Monnier, centre hospitalier de Belfort-Montbéliard).
Enfin, le Dr Jean-Claude Barbare (centre hospitalier de Compiègne) a évoqué la mise en route d'une étude ambitieuse visant à confirmer l'intérêt de la Sandostatine LP dans le traitement du carcinome hépato-cellulaire : une étude se justifiant par la mise en évidence d'une action sur la croissance cellulaire du produit et par la présence de récepteurs de la somatostatine au sein de ces carcinomes ; une recherche également motivée par les résultats d'une étude randomisée ayant porté sur un petit nombre de patients.
Comme on le voit, Novartis Oncologie entend devenir un acteur de plus en plus important dans l'univers de la cancérologie en privilégiant les pistes les plus récentes (génomique) mais en ne négligeant pas les potentialités de produits plus anciens comme la Sandostatine.
(1) Conférence de presse organisée par Novartis.
(2) Glivec a été récompensé par le prix Galien. Lire « le Quotidien » du 12 mars.
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