Si l’avortement reste officiellement interdit en Allemagne, il est toutefois « toléré » dès lors qu’un certain nombre de critères sont remplis dont, outre le délai de 12 semaines, l’obligation de se rendre dans un centre d’accueil pour bénéficier d’une « information objective » sur cette intervention et ses conséquences.
De plus, l’article 219a du Code pénal interdit toute « publicité » pour l’avortement : il y a quelques mois, une femme médecin qui avait précisé sur sa page internet qu’elle effectuait des IVG a été condamnée à 6 000 euros d’amende, ce qui a relancé la polémique dans le pays.
Le Congrès des médecins s’est ouvert sous les sifflets et les haut-parleurs d’une manifestation d’étudiantes en médecine réclamant elles aussi l’abrogation de cet article. Après un long débat, la majorité des 250 délégués des ordres régionaux, qui constituent le « Parlement des médecins », a finalement refusé de demander un changement de la loi. Pour la vice-présidente de l’Ordre, le Dr Martina Wenker, l’article 219a est « équilibré » en ce qu’il répond à la double mission des médecins, « aider la femme en détresse, mais aussi protéger la vie à naître ».
Poussée des anti IVG
Une vision catégoriquement rejetée par les opposantes à cet article, qui rappelle qu’il remonte à la période nazie, et qui estiment que les centres d’information, loin d’être objectifs, tentent surtout de dissuader les femmes d’avorter. Il n’en reste pas moins qu’un médecin qui pratiquerait une IVG sans que sa patiente lui ait produit un certificat prouvant qu’elle est passée par un tel centre reste passible de sanctions.
Les associations anti IVG, de plus en plus actives en Allemagne, utilisent cette loi pour réduire encore l’information sur les avortements, en assimilant, comme dans le cas de la praticienne condamnée, toute information sur cet acte à de la publicité, et en portant donc systématiquement plainte. Résultat, de plus en plus de médecins, qui indiquaient jusqu’à présent qu’ils effectuaient des avortements, retirent cette mention pour ne pas risquer un procès. Selon l’association « Medical Students for Choice », les femmes en sont réduites à appeler les médecins, un par un, pour leur poser la question, car les centres d’information n’ont pas forcément les listes de ceux qui pratiquent des IVG.
Le président de l’Ordre, le Pr Montgomery, a plaidé pour un « assouplissement » et, surtout, une lecture moins stricte de cet article 219a, mais n’a été que partiellement suivi par les délégués du congrès : ceux-ci ont uniquement déploré la lourde condamnation de leur consoeur, en estimant qu’un médecin ne devrait pas être sanctionné pour une telle mention.
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