L’ARNAQUE continue. Plusieurs lecteurs du « Quotidien » tirent la sonnette d’alarme et veulent alerter leurs confrères, ayant été victimes d’une escroquerie qui sévit depuis une dizaine d’années en Europe.
Le scénario est connu : une société adresse un courrier au praticien pour lui proposer une inscription dans un annuaire professionnel. Le tarif, camouflé en bas de page, est faramineux. Le simple fait de renvoyer le courrier signé engage le médecin à s’acquitter de la somme : les ennuis commencent.
Ainsi un ophtalmologue à Valenciennes s’est-il vu adresser une lettre proposant une inscription dans un annuaire régional sur Internet. Au verso, le tarif annuel est noyé parmi les conditions générales de vente : 1 428 euros hors taxes, payable annuellement, et à l’avance. Les litiges seront soumis au tribunal de grande instance de Strasbourg, stipule le contrat « Annuaire pro ». Un confrère de cet ophtalmo, retraité, a reçu un courrier équivalent pour figurer dans le « registre Internet français », moyennant 958 euros par an. À dater et à signer. « Signature juridiquement valide », est-il précisé en gras - alors que le tarif figure en tout petit.
Dans le Val d’Oise, un généraliste a lui aussi subi les assauts d’« Annuaire pro ». Sa vigilance a déjoué le piège. Deux semaines plus tard, une autre missive atterrit dans sa boîte aux lettres, à en-tête de l’« Annuaire des médecins » (le site www.temdi.com est présenté comme l’annuaire médical européen). L’engagement porte sur les 36 prochains mois, et coûte la peccadille de 1 057 euros par an. Hors taxes. « C’est pourtant écrit "gratuit" en gros et en haut de page », tempête l’omnipraticien.
La Direction générale de la répression des fraudes appelle les médecins à la plus grande vigilance. « Il n’y a jamais rien de gratuit : surtout, ne rien signer rapidement sur un coin de table, insiste une porte-parole de la DGCCRF. Ce genre de pratique n’est pas illégal en soi, cela joue sur la confusion. Quand c’est signé et retourné, le médecin n’a plus le choix, il doit payer, sauf à porter l’affaire en justice. Il peut porter plainte à la Direction départementale de la protection des populations pour faire remonter l’information. La plupart de ces entreprises sont basées à l’étranger, or il faut qu’elles soient en France pour être sanctionnées. À part nos signalements entre homologues, rien ne peut se passer. Quand l’une d’elle est coincée et ferme, une autre rouvre ailleurs. C’est sans fin ».
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